Les secrets des interrogatoires et des auditions de police

Un interrogatoire ou une audition ne sont pas un banal échange où l’enquêteur pose des questions et où la personne entendue y répond. Il s’agit d’un dialogue tactique, répondant à des objectifs précis. Il s’agit aussi d’une démarche qui prend place dans un cadre rigoureux et juridique et situationnel.

CHAPITRE 15 : STRATEGIES, TACTIQUES ET TECHNIQUES (extrait p. 161 et 162)

En fonction de l’attitude, de la personnalité, de l’état de santé et des antécédents du suspect, l’enquêteur a deux stratégies principales lorsqu’il mène son interrogatoire :

• il opte pour une méthode visant à obtenir la version la plus proche et objective du déroulement des faits ;
• il choisit une méthode visant à récolter un maximum d’informations mensongères pour ensuite les confronter aux éléments contradictoires stabilisés au cours de l’enquête.

Quelle que soit l’option choisie ou combinée, elle ne peut provoquer de sentiment d’injustice. Elle permet justement de donner une orientation impliquant ou mettant hors de cause la personne entendue. Elle ne remet absolument pas en question le travail tant à charge qu’à décharge de l’enquêteur.

C’est ainsi que, en plus du type de communication choisie, des tactiques différentes sont utilisées si l’interrogatoire vise à obtenir un aveu fiable ou à recueillir sciemment, et sans que le suspect ne s’en aperçoive, des explications mensongères, incomplètes ou invérifiables. Bien entendu, l’interrogatoire sera facilité si l’enquêteur possède déjà des preuves de l’implication du suspect ; dans ce cas, la stratégie ne joue dès lors plus un rôle prépondérant.

Il n’est pas rare qu’une personne, après avoir fourni plusieurs versions différentes et suite aux contradictions qui lui sont progressivement présentées, soit contrainte à revoir continuellement ses positions. Elle se met dès lors à admettre  les faits ou alors elle persiste à les nier. Dans ce dernier cas et si l’enquête est bien réalisée, un juge de siège pourra se contenter de ces éléments pour se forger une intime conviction de l’implication du suspect.

Rappelons qu’un suspect a le droit de mentir et qu’il ne s’en prive généralement pas. Cela n’empêche toutefois pas l’enquêteur de le rendre attentif aux conséquences de son attitude et de son manque de coopération sur le déroulement des investigations. En agissant ainsi, l’enquêteur ne menace pas la personne concernée, mais fixe clairement les règles du jeu.

L’enquêteur agit différemment selon qu’il interroge un suspect ayant ou non des remords.

Les secrets des interrogatoires et des auditions de police : Traité de tactiques, techniques et stratégies (Olivier Guéniat et Fabio Benoit), 44,65 Euros