Procès Mahé : confrontation entre colonel et général

Depuis le 27 novembre dernier, quatre militaires français sont traduits devant la Cour d’assises de Paris, pour le meurtre de Firmin Mahé commis en 2005. Parmi les accusés, le colonel Eric Burgaud affirme que l’ordre venait du commandant de la force Licorne en Côte d’Ivoire, le général Poncet. Ce dernier nie toute implication dans cette affaire.

La semaine dernière, le colonel Burgaud avait reconnu avoir donné l’ordre d’éliminer Firmin Mahé, considéré comme l’auteur de plusieurs meurtres et viols. Ce dernier fut étouffé avec un sac en plastique, alors qu’il était blessé par balle à la jambe et transporté dans un blindé français.

Mais le colonel a précisé avoir tout bonnement retransmis cet « ordre illégal », qui provenait de son supérieur hiérarchique, le général Henri Poncet.

Ce mardi 4 décembre, l’ancien commandant de la force Licorne en Côte d’Ivoire, le général Poncet, a maintenu n’avoir jamais donné un tel ordre. Il impute cette décision à un « décrochage moral » du colonel Burgaud, pouvant être dû à « un excès d’estime de soi et d’empathie pour les populations, la rencontre avec la mort » sur le terrain. « Quand on n’est pas totalement préparé, cela peut faire des dégâts », a expliqué le général.

Le colonel Burgaud a aussitôt répondu de manière cinglante à l’attaque du général : « Je ne savais pas avoir été commandé par un psychiatre, je pensais avoir été commandé par un chef, je m’aperçois que ce n’est pas le cas. J’affirme devant vous que le général Poncet ici présent m’a bien donné l’ordre dont j’assume la totale responsabilité de l’avoir transmis, moi, mais pas cet homme-là. »

Le témoignage du général Malaussène, l’ancien adjoint du commandant en Côte d’Ivoire, a ensuite donné lieu à un réquisitoire violent, qualifiant Henri Poncet de « colérique », « d’impulsif » et de « pousse au crime ». Il a réaffirmé sa conviction que l’ordre venait bel et bien du général Poncet, et a aussi affirmé que celui-ci était « protégé » en haut lieu.

L’ancienne ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a été entendue en fin de journée. Elle a pour sa part dénoncé des « faits inacceptables, contraires à la loi et à l’éthique des armées », tout en invoquant aussi des « circonstances particulières ».