Liberté sous caution pour un journaliste lybien jugé pour « diffamation »

Le journaliste lybien Amara Hassan Al-Khitabi a été libéré sous caution le 21 avril 2013, après une incarcération de quatre mois pour « diffamation » et « insulte à l'encontre du système judiciaire ». Si l'organisation Reporters sans frontières se réjouit de cette décision, elle s'inquiète du maintien des charges contre le journaliste et de son interdiction de quitter la Lybie avant que le verdict final n'ait été rendu ; prochaine audience le 23 juin.

Les faits remontent à novembre 2012. Amara Hassan Al-Khitabi, rédacteur en chef du journal Al-Ummah, rend publique une liste de 87 juges et procureurs accusés de corruption et détournement de fonds. Arrêté le mois suivant la publication, le journaliste est incarcéré à la prison de Hadba jusqu'au 21 avril dernier, date à laquelle un tribunal d'exception de Tripoli lui accorde une libération sous caution.

Amara Hassan Al-Khitabi demeure poursuivi pour “diffamation” et “insulte à l’encontre du système judiciaire” et ne peut quitter le territoire lybien avant la décision finale de justice. Selon l’article 195 du code pénal libyen, le journaliste peut encourir d’une peinede allant de 3 à 15 ans de prison. La prochaine audience se tiendra le 23 juin 2013.

Le tribunal d’exception de Tripoli est présidé par le juge Ali Zwai. L’assemblée de la Cour d’appel de Tripoli l'a crée à l'issue de la démission du président de la cinquième chambre pénale, Ahmed Birbash, dont l'impartialité avait été mise en cause.

Me Salem, avocat de monsieur Al-Khitabi, s’apprête à saisir la Cour suprême pour contrôler la “constitutionnalité” de l’article 195 du code pénal lybien. Lors de l'audience du 15 avril, il a demandé à ce que le journaliste récupère son passeport afin d' être soigné hors du pays. L’état de santé de son client s’est considérablement détérioré pendant ces mois passés en prison : Amara Hassan Al-Khitabi fait de l'hypertension et a des problèmes de diabète et de prostate. La santé du journaliste a notamment été mise à mal par une grève de la faim débutée fin février. D'ailleurs, Amara Hassan Al-Khitabi n'a pu assister à cette audience du 15 avril, alors transféré à l’hôpital Sharie Zawiya de Tripoli.

Reporters sans frontières rappelle que dans n'importe quel pays démocratique la transparence passe notamment par la lutte anti-corruption et les médias y jouent un rôle clé.

L'organisation encourage vivement les autorités libyennes à dépénaliser la diffamation en accord avec les standards internationaux des droits de l’homme, et notamment des libertés de la presse (liberté d'information) et d’expression. « Ce genre de loi est évidemment un impératif et garantirait que le nouvel état libyen s'est fortement engagé à faire progresser la démocratie de façon durable », a déclaré l'organisation.