Il est temps de renvoyer les crimes iraniens devant la cour pénale internationale

Il est de bon ton, à l’heure où la communauté internationale se réunit à Genève pour négocier l’arrêt du programme nucléaire iranien, de ne parler de rien d’autre. Que l’Iran continue de bafouer en coulisse les droits de l’Homme en toute impunité, voilà qui n’en intéresse qu’une poignée. Heureusement, il reste des individus pour rappeler que les droits fondamentaux ont tout d’une priorité, et qu’il serait temps que l’Iran rende des comptes devant la justice.

Ahmed Shaheed, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran, s’exprimait jeudi 24 octobre 2013 lors d’une conférence de presse à New York pour signaler qu’Hassan Rohani, le Président de la République d’Iran, devait faire des lois contraires aux droits de l'homme une priorité. Une recommandation exprimée poliment au regard de la multiplication des entorses flagrantes qui sont faites aux droits fondamentaux depuis son arrivée au pouvoir.

50 réfugiés massacrés en un jour, une pendaison toutes les 7 heures en moyenne pendant 3 mois

Leur énumération s’apparente à une funèbre litanie. Commençons par les crimes perpétrés pendant plusieurs heures dans le camp d’Achraf en Irak le 1er septembre 2013. Pas moins de cinquante réfugiés iraniens, sans aucun moyen de défense ont été massacrés à la demande du régime iranien ce jour-là, et ce dans la plus parfaite indifférence. Ces réfugiés, opposants au régime des mollahs, étaient sous protection américaine et onusienne et sont désormais à la merci d'un régime irakien qui leur est hostile. 7 otages sont toujours entre les mains des autorités irakiennes et sont menacés d'extradition vers l'Iran où leur mort est certaine.

Au moment de l’assaut, ce n’était pas le dossier du nucléaire iranien, mais la crise syrienne qui monopolisait l’attention. L’ONU a eu beau jeu d’envoyer une équipe pour constater les tueries alors qu’elle n’avait pas tenu compte des nombreux avertissements qui lui avaient été adressés pour renforcer la sécurité du camp, trop vulnérable. L’organisation internationale persiste et signe, en trainant les pieds quand il s’agit d’enquêter sur le rôle des forces irakiennes lors de l’assaut.

Si un tel carnage n’a pas réussi à émouvoir l’Occident, il n’est guère étonnant que les quelques 300 exécutions par pendaison commanditées par le régime et recensées par le Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI) n’indignent pas davantage. En moyenne, une personne a été exécutée toutes les 7 heures dans le pays entre le 3 août et le 1er novembre, autrement dit alors qu’Hassan Rohani était déjà au pouvoir. Et toujours la même insensibilité de la part de nos dirigeants, tout préoccupés qu’ils sont par la supposée bombe atomique qu’est en train de mettre au point le régime. Aucune preuve tangible n’est venue le confirmer alors que les massacres, eux, sont bien réels.

Les droits des femmes : le dossier qu’on remet toujours sous la pile

Quand ce n'est pas  Israël que le régime des mollahs dénigre et menace, pour preuve les derniers propos de Khameini à ce sujet, ce sont les femmes qui sont leur cible. Il  leur impose une flopée de lois discriminatoires inadmissibles qui font par exemple qu’une femme est deux fois moins dédommagée qu’un homme quand elle est victime d’un accident, ou que la valeur juridique du témoignage d’une femme quand elle est l’unique témoin est nulle. Pour résumer, une femme vaut deux fois moins qu’un homme, ou ne vaut rien du tout. Nul besoin d’être féministe pour s’offusquer d’un tel différentiel de traitement.

M. Shaheed a donc raison de préciser que « le gouvernement iranien doit faire davantage de progrès concrets », mais enfin, ce n’est même pas le minimum requis face à des violations répétées et gravissimes. Un petit pas a été fait dans cette direction avec l’adoption par le 3e Comité de l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution condamnant les graves violations des droits de l’homme en Iran. Mais ce ne sont que des mots. Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, appelle à aller plus loin. Elle veut le renvoi du dossier de ces crimes devant le Conseil de sécurité de l’ONU et la cour pénale internationale.

La communauté internationale doit cesser de faire l’autruche ou de se cacher derrière la première actualité géopolitique venue, qu’il s’agisse de la Syrie ou du nucléaire. Les droits de l’homme et les libertés fondamentales sont depuis trop longtemps bafoués en Iran et il est intolérable que cela puisse continuer dans une indifférence coupable dont il sera bien temps de se repentir plus tard, avec son lot d’hypocrisie.