Le FN au milieu des mises en examen

Le 5 mai dernier, Jeanne, le micro parti de Marine Le Pen a été mis en examen en tant que personne morale pour escroquerie et acceptation par un parti politique d’un financement par une personne morale. Revenons sur cette nouvelle décision qui arrive après une série de mises en examen au FN ces dernières semaines.

 

 

Des soupçons de financement illégal

 

                Cette mise en examen vient s’inscrire dans le cadre de l’information judiciaire ouverte par les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi en avril dernier et portant sur le financement des campagnes électorales du FN pour les cantonales de 2011 et les législatives de 2012. Le micro-parti Jeanne aurait reçu de l’argent de la société Riwal, dirigée par  Frédéric Chatillon un proche de Marine Le Pen et ancien cadre du GUD, un financement illégal.

 

Créé à la fin 2010, le micro-parti avait alors pour mission d’aider financièrement le passage de flambeau entre Jean-Marie Le Pen et sa fille. En 2012, Jeanne était la quatrième formation politique en termes de rentrée financières (derrière le PS, l’UMP et le PCF) avec des ressources de 9,6 millions. Un très beau score pour un parti quasi-inconnu des électeurs.

 

Notons que la société Riwal et son patron Frédéric Chatillon ont été aussi mis en examen, respectivement en janvier et avril 2015 pour des soupçons d’escroquerie et d’abus de bien sociaux durant la campagne législatives de 2012. Riwal aurait proposé de vendre des kits de campagne, d’une valeur de 16 650 euros et composés de tracts, affiches et sites webs, à l’intégralité des candidats frontistes. Cette somme était ensuite remboursée par l’Etat qui prend en charge les frais des candidats recevant au moins 5% des voix. La société est soupçonnée d’avoir surfacturée ces kits de campagne.

 

Le vice-président du FN mis en examen

 

                Le 19 mai l’étau s’est resserré une nouvelle fois autour du FN avec la mise en examen de Jean-François Jalkh, vice-président du parti d’extrême droite et député européen, pour escroqueries, abus de confiance et acceptation par un parti politique d’un financement provenant d’une personne morale. Rappelons qu'en qualité de vice-président du Front national, Jean-François Jalkh est responsable des questions juridiques du parti. Il est aussi secrétaire général du micro-parti Jeanne et le premier haut cadre du FN à être inquiété dans cette affaire.

 

« Ce dispositif (la vente des kits de campagne par la société Riwal) a été exposé à la Commission des comptes de campagne, qui l’a validé. On ne peut à aucun moment conclure que les pouvoirs publics ont été dans l’ignorance du dispositif. L’abus de confiance et l’escroquerie ne peuvent donc être caractérisés. » a réagi Jean-François Jalkh après l’annonce de sa mise en examen. Le vice-président du FN a aussi assuré qu’il n’y avait eu « à aucun moment une intention frauduleuse ».

 

 

                L’état-major du parti explique qu’il s’agit simplement du seul moyen de contourner la réticence des banques à financer ses candidats et rappelle que le processus a été entériné à quatre reprises par la Commission nationale des comptes de campagne. Néanmoins, Jean-François Jalkh est le huitième proche de Marine le Pen à être mis en examen dans ce dossier, nul doute que la pression doit monter au Front national.