Le milieu financier de New-York est de nouveau sous les projecteurs. Ce lundi 15 juillet 2013 s’ouvre le procès tant attendu de Fabrice Tourre, ex-courtier chez Goldman Sachs, la première banque américaine.
Le procès du français Fabrice Tourre contre Goldman Sachs, son ancien employeur, s’ouvre le lundi 15 juillet 2013 à New-York. Cet ancien centralien diplômé de l’université américaine de Stanford, avait créé, en 2007, un système appelé « Abacus ». Il permettait de faire des placements complexes en se basant sur des dérivés d’emprunts immobiliers.
Le procès de Fabrice Tourre servirait-il d’exemple ?
Aujourd’hui âgé de 34 ans, Fabrice Tourre se retrouve seul face aux géants de l’économie, Goldman Sachs et surtout à la SEC (Securities and Exchange Commission), la gendarmerie de la Bourse. Dans une interview accordée aux Echos, Thomas Sporkin, ancien membre de la SEC, explique que « la réputation de la SEC est dans la balance. Ils veulent montrer à Wall Street qu’ils peuvent vaincre un individu en justice ». Avec une telle réflexion, il pointe du doigt un fait : la SEC préfère s’attaquer à un jeune de 28 ans au moment des faits qu’aux géants de la finance.
En 2007, avec la création d’« Abacus », Fabrice Tourre a créé un système financier complexe se référant à des valeurs immobilières. Voyant qu’Abacus pouvait rapporter de l’argent, Goldman Sachs a soutenu le jeune trader jusqu’à le nommer directeur général à Londres. En effet, Fabrice Tourre est parti en Europe pour promouvoir sa découverte. La banque américaine lui a même suggéré de créer un système similaire adapté aux européens. A cette époque, le trader français s’alliera avec Paulson & co, un fonds d’investissement pour lancer le même produit à la baisse.
La roue a tourné pour le trader Tourre
Avec le lancement sur le marché d’Abacus, John Paulson a remporté 1 milliard de dollars de plus-value et Fabrice Tourre, 2 millions de dollars. Si certains y ont gagné, ce n’est pas le cas des investisseurs : ils y ont perdu 1 milliard. La banque allemande IKB a été aux bords de la faillite. Elle a dû être rachetée par des fonds d’investissement américains.
Le vent étant en train de tourner, la banque Goldman Sachs a laissé seul Fabrice Tourre face aux événements. Pour ne pas être poursuivie, elle a négocié l’abandon des poursuites avec la SEC. Cela lui a coûté 550 millions de dollars mais en contrepartie, elle s’est totalement blanchie. Pour être sûre d’être perçue par le public comme étant du bon côté de la barrière, la première banque américaine a laissé sciemment échapper quelques fuites dans la presse : les e-mails compromettants de Fabrice Tourre à ses proches.
Tourre vs SEC : le combat de David contre Goliath
Avec ses courriels, la banque Goldman Sachs a pu mettre en avant le fait que le jeune homme avait pleine conscience que la crise arrivait : « l’édifice entier risque de s’effondrer ». Fabrice Tourre montre également un sentiment de supériorité dans ces messages électroniques puisqu’il se nomme lui-même « Fabulous Fab » en précisant qu’il sera le « seul survivant potentiel, debout au milieu de toutes ces opérations exotiques et complexes ».
Alors qu’il se retrouve seul face à des géants américains comme la SEC, Fabrice Tourre n’a pas craqué : il a refusé l’accord à l’amiable que lui avait fait la SEC. S’il l’avait accepté, il aurait dû quitter le monde de la finance. Le « Fabulous Fab » a préféré poursuivre ses études et préparer un doctorat en finance à l’université de Chicago. En effet, c'était le deal avec la SEC : Fabrice Tourre a opté pour le jugement devant les tribunaux afin de laver son nom et de prouver qu’il n’était pas le seul dans ce mécanisme frauduleux.