En octobre 2011, des policiers lyonnais et grenoblois, dont le commissaire de police Christophe Gavat, alors chef de la PJ de Grenoble, sont placés en garde à vue pendant quatre jours et mis en examen pour « association de malfaiteurs », « trafic de stupéfiants », « détournement de scellés » et « vol en réunion », dans le cadre de « l affaire Neyret »
Chapitre « Aymeric, Jean-Paul et Gilles »
Qu’est-ce qu’on fait là ? Je ne comprends pas. Je ne comprends toujours pas. Ils se trompent de cible, les bœufs. C’est une mascarade, une mauvaise blague ?
Je n’arrêtais pas de regarder mon nouvel espace de vie. Je voulais me l’approprier. Pas qu’il me domine. J’ai pensé à tous ceux que j’avais mis en garde à vue. Je voyais pas ça comme ça, de l’autre côté. Je me suis allongée sur le banc en béton, faisant corps avec le mur. Etiré tous mes membres. Fait semblant de trouver ça confortable. C’est pratique : on peut s’allonger de tout son long. C’est pas du Dunlopillo, mais ça renforce le dos Le toubib m’avait recommandé un matelas « dur » pour redresser ma colonne vertébrale ! je suis gâté.
Mais je n’ai pas tenu longtemps. Ce n’est pas possible, 22 ans de police, pour finir en geôle pourrie de la police des polices ! Quelle heure il est, là ?
J’ai regardé machinalement mon bras. Me suis rappelé qu’ils venaient d’enlever ma montre. J’avais oublié ce détail, des fois que je me suicide en m’étranglant avec le bracelet ! J’ai regardé le haut de mon pantalon…ou en bouffant ma ceinture.
Savoir l’heure, l’heure ! Juste pour savoir combien de temps il me reste à tenir. Cette cellule commençait déjà à me sortir par les yeux. Je m’en suis moqué.
« 96 Heures : un commissaire en garde à vue », Editions Michalon, 18 Euros