C’est un véritable drame auquel l’on assiste depuis maintenant plus d’une semaine en Isère. Le directeur d’une école primaire de Villefontaine, soupçonné de viols sur des élèves de sa classe de CP a reconnu les faits lors de sa garde à vue le 24 mars.
Neuf plaintes déjà déposées
Le suspect est accusé d’avoir imposé des fellations à plusieurs de ses élèves dans le cadre de ce qu’il appelait un « atelier du goût », durant lequel les enfants, les yeux bandés devaient identifier ce que leur enseignant leur faisait goûter. Les faits se seraient déroulés au fond d’une salle de classe, derrière un paravent. Le 24 mars au soir, le procureur de la République de Vienne, Matthieu Bourrette a précisé qu’au total neuf plaintes correspondant à neufs élèves de cette classe de CP ont été déposées.
Le lendemain des aveux du directeur, « les parents de quatorze élèves supplémentaires se sont manifestés » a déclaré le parquet de Grenoble. « Les plaintes n’ont pas encore été prises. Elles le seront dans les jours qui viennent car il faut auparavant auditionner également les enfants selon un protocole particulier ». Ces signalements ne concernent pas seulement des enfants de la classe de CP en question mais aussi d’autres écoles du département. Le directeur exerçait auparavant dans une école de La Tour-du-Pin, il avait pris ses fonctions à Villefontaine à la rentrée 2014.
Quelques instants après les aveux de ce père de famille de 45 ans, la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative afin de faire toute la lumière sur cette affaire.
Un suspect déjà condamné en 2008
L’enquête administrative en question en question a montré que le suspect avait déjà fait l’objet d’une condamnation pénale en 2008, pour recel d’images à caractère pédopornographique, à six mois de prison avec sursis avec obligation de soins et mise à l’épreuve. Toutefois, aucune interdiction de travailler avec les enfants n’avait cependant été prononcée au moment de cette condamnation. En Isère on ne comprend pas comment cet enseignant a pu continuer à exercer ses fonctions. D’autant plus que l’Inspection académique de l’Isère a déclaré tout ignorer de cette affaire : « Il n’y avait rien dans son dossier concernant cette condamnation ».
Une inspection conjointe a été demandé par Najat Vallaud-Belkacem et son homologue de la Justice, Christiane Taubira. Les deux ministres veulent connaitre les raisons qui ont fait que cette condamnation n’ait pas été portée à la connaissance de l’éducation nationale. Les ministres ont depuis décidé de convoquer tous les recteurs et les procureurs de France afin qu’un tel dysfonctionnement ne soit plus jamais possible. On peut facilement être amené à penser que si ces faits avaient été rapportés à temps, l’enseignant n’aurait pas pu prendre de nouvelles fonctions à la rentrée 2014 et ainsi faire de nouvelles victimes.
Finalement, le ministère de l’Education a annoncé mardi 31 mars la révocation de ce directeur d’école. Mais cette annonce a un goût un peu amer. En effet si les services de la justice et de l’inspection académique cette révocation aurait eu lieu en 2008…