Jeudi 10 septembre, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête qui vise le site de vidéos de pornographie français Jacquie et Michel, confirmant une information du quotidien 20 Minutes.
Cette enquête a été ouverte le 10 juillet dernier pour « proxénétisme » et « viols » à la suite de plusieurs témoignages d’actrices qui ont travaillé pour le site pornographique, et après le signalement de trois associations féministes.
En effet, Le Mouvement du nid, Osez le féminisme et Les Effronté-es avaient effectué ce signalement après la diffusion d’une vidéo sur le site d’information Konbini intitulée « Les coulisses sordides du porno-amateur ».
Dans ce reportage, deux femmes se livrent sur leurs expériences dans l’univers de la pornographie avec le site en question.
Elles expliquent avoir été contraintes à des pratiques sexuelles contre leur volonté pendant des tournages : « j’avais dit pas d’anal, on m’a proposé de le faire, j’ai dit non (…) et pendant l’une des scènes, ils ont quand même essayé contre mon gré », « t’as peur, vraiment t’oses pas dire non, t’es devant la production, les acteurs, et t’es complètement seule. Donc non, tu dis pas non ».
Une autre femme témoigne : « il y avait une double pénétration vaginale de laquelle je n’avais pas été prévenue avant. J’ai eu le réflexe de dire non, puis il m’a dit : t’inquiètes pas, ça va rentrer. Y avait des cailloux partout, moi j’étais à quatre pattes, j’avais presque les genoux en sang, j’étais vraiment pas à l’aise pour faire ça ».
Les investigations ont été confiées à la police judiciaire de la capitale.
La société qui détient le site de pornographie a diffusé un communiqué dans la soirée du jeudi, elle garantit qu’elle « mettra en place dès demain une enquête interne » et qu’elle « rompra immédiatement tout lien avec celle(s) qui serai(en)t mise(s) en cause si les faits étaient avérés ».
Me Nicolas Cellupica, l’avocat de groupe, a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il « a déjà rompu par le passé des liens avec des sociétés de production après de telles dénonciations ».
Pour ces trois associations, il est « indispensable que le système pornocriminel cesse d’être l’angle mort de la politique abolitionniste de la France », et posent cette question : « quelle est la différence entre prostitution et pornographie, sinon la présence d’une caméra dans la pièce ? ».