La consommation de thon en boîte, c’est presque une institution pour les Français, avec environ 90 000 tonnes avalées chaque année. Mais une enquête récente menée par les associations Bloom et Foodwatch – relayée par le magazine 60 millions de consommateurs – soulève de sérieux soucis quant à la salubrité de ce produit très apprécié. Publiée le mardi 29 octobre 2024, l’étude met en lumière des taux anormaux de mercure dans des boîtes de thon testées sur toute l’Europe.
Une présence de mercure partout
Les chercheurs ont analysé 148 boîtes de conserve de thon choisies au hasard dans cinq pays européens : la France, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie. Les résultats ne trompent pas : 100 % des échantillons contiennent du mercure. Mieux encore, 10 % des boîtes dépassent la limite fixée à 1 mg/kg – certaines arrivant jusqu’à 3,9 mg/kg (soit presque quatre fois le seuil autorisé). Par ailleurs, 57 % des échantillons franchissent la barre maximale autorisée pour d’autres espèces marines, celle de 0,3 mg/kg.
Le mercure, un métal lourd qui se transforme en méthylmercure dans l’océan, présente de sérieux risques pour la santé. Il est connu pour provoquer des troubles neuronaux, cardiovasculaires et immunitaires, sans oublier des soucis aux reins et au système reproducteur. Ce méthylmercure est particulièrement dangereux pour le développement du cerveau chez les fœtus et les jeunes enfants.
Critiques sur les normes et remarques sur certaines marques
On fixe aujourd’hui la teneur maximale en mercure pour le thon à 1 mg/kg, soit trois fois celle autorisée pour d’autres poissons. Ces seuils font l’objet de vives critiques de la part des ONG, qui dénoncent des normes trop souples et l’influence des lobbies du thon. L’enquête a montré de grandes différences de contamination selon les marques et les zones de pêche. Par exemple, la marque Petit Navire, commercialisée chez Carrefour City, affiche un taux record de 3,9 mg/kg. Certaines marques comme Cora, Pêche Océan et Saupiquet pointent aussi du doigt leurs résultats. À l’inverse, des enseignes telles que Monoprix ou le thon blanc germon présentent des chiffres plus rassurants, bien que le mercure soit présent à un niveau inévitable.
Les industriels affirment que leurs produits respectent bien les normes européennes et qu’ils restent sans danger pour le consommateur, mais des préoccupations concernant la sécurité alimentaire persistent. Toutefois, Bloom et Foodwatch remettent en question cette transparence, critiquant l’utilisation d’une moyenne globale qui masque les pics de contamination parfois très élevés.
Conseils santé à suivre d’urgence
Face à ces résultats inquiétants, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) conseille vivement aux personnes vulnérables – en particulier les femmes enceintes et les enfants – de limiter leur consommation de poissons prédateurs comme le thon. Bloom et Foodwatch lancent un appel pour des « mesures d’urgence », dont l’adoption d’une limite beaucoup plus basse fixée à 0,3 mg/kg afin de réduire l’exposition au mercure.
Parmi leurs recommandations, on trouve notamment :
- le retrait immédiat des produits non conformes des rayons des supermarchés
- l’interdiction du thon dans les cantines scolaires, les crèches, les maisons de retraite, les maternités et les hôpitaux
- l’arrêt immédiat de toute promotion du thon par les fabricants et distributeurs
- une bonne information des consommateurs sur les risques potentiels
Pour ceux qui souhaitent être prudents, se tenir au courant des études publiées par ces associations ou par le magazine 60 millions de consommateurs peut être une bonne façon d’adapter son alimentation et de se tourner vers des alternatives plus sûres.