Une Américaine originaire du Maryland envisage de déposer une plainte pour dommages corporels contre Meghan Markle, à la suite de blessures qu’elle attribue à l’utilisation d’une recette de sels de bain montrée dans la série documentaire With Love, Meghan, diffusée sur la plateforme Netflix. Cette affaire soulève plusieurs interrogations relatives à la responsabilité juridique des personnalités publiques lorsqu’elles diffusent des contenus à visée domestique ou bien-être.
Les faits rapportés
Selon les déclarations de la plaignante présumée, Robin Patrick, les faits remontent à mars 2025. Elle affirme avoir reproduit, chez elle, une recette de bain présentée dans un épisode de la série documentaire produite par Archewell Productions, société fondée par Meghan Markle et le prince Harry. Le mélange en question, à visée relaxante, est composé de sel d’Epsom, de sel de l’Himalaya, d’huile d’arnica et d’huile essentielle de lavande.
Peu après l’immersion dans ce bain, Robin Patrick, qui se présente comme diabétique, aurait ressenti une sensation de brûlure sur les jambes et les fesses. Elle déclare avoir immédiatement interrompu le bain, mais en manipulant l’eau avec la main et le bras, d’autres brûlures seraient apparues. Elle affirme aujourd’hui souffrir d’ulcères cutanés et avoir subi 18 lésions, dont certaines encore douloureuses. Elle estime que ces troubles sont directement liés à l’usage de la recette exposée dans l’émission.
Qualification envisagée et responsabilité invoquée
L’action envisagée repose sur deux fondements principaux : d’une part, un manquement au devoir de prudence et de diligence dans la diffusion d’un contenu public, et d’autre part, une absence d’avertissement clair sur les risques liés à la santé du public cible.
La plaignante reproche à Meghan Markle et aux producteurs d’avoir présenté la recette comme inoffensive, sans signaler les contre-indications possibles, notamment pour les personnes atteintes de pathologies spécifiques telles que le diabète. Elle soutient que l’association de sels minéraux avec certaines huiles essentielles peut provoquer, chez les personnes vulnérables, des réactions cutanées sévères. Elle évoque une négligence dans la présentation du contenu, et envisage une demande d’indemnisation de 75 000 dollars pour les frais médicaux, auxquels pourraient s’ajouter jusqu’à 10 millions de dollars de dommages-intérêts pour préjudice moral et esthétique.
Position de la défense
L’avocat de Meghan Markle, Me Cameron Stracher, a répondu à ces allégations en niant toute responsabilité de son cliente. Il fait valoir que l’utilisation de sels d’Epsom est expressément déconseillée aux personnes diabétiques sans validation médicale, et que cette mise en garde figure clairement sur l’étiquetage des produits en vente libre. Selon la défense, la duchesse de Sussex n’a pas recommandé un produit commercialisé en son nom, mais partagé une pratique personnelle dans un cadre documentaire, sans intention de prescription.
Me Stracher estime par ailleurs qu’aucune relation contractuelle ne lie Meghan Markle à la plaignante, ce qui exclurait, selon lui, toute obligation légale d’information ou de mise en garde. Il soutient que la plaignante disposait de toutes les données nécessaires pour faire un choix éclairé et que son état de santé aurait dû l’inciter à consulter un professionnel avant d’utiliser des produits non adaptés à sa condition.
Enjeux juridiques et éléments à observer
Ce dossier illustre une problématique de plus en plus fréquente dans le cadre des contenus diffusés sur des plateformes numériques : la question de la responsabilité civile des créateurs de contenus lorsqu’ils abordent des thématiques de bien-être ou de santé, même de manière non professionnelle.
D’un point de vue strictement juridique, la reconnaissance d’un lien de causalité direct entre le contenu visionné et le dommage corporel devra être étayée par des expertises médicales. Il faudra également déterminer si les éléments présentés dans la série relèvent du simple partage d’expérience personnelle, ou s’ils peuvent être interprétés comme une forme de conseil engageant la responsabilité de son auteur.
La plaignante pourrait, en droit américain, invoquer une négligence grave ou un manquement à une obligation de prudence dans la diffusion d’un message au public. Toutefois, l’absence d’intention commerciale directe et l’absence de caractère incitatif explicite du message constituent des éléments susceptibles de complexifier l’action en justice.
Enfin, la plainte viserait également Netflix, Archewell Productions et IPC, sur le fondement d’une responsabilité éditoriale partagée. Si l’affaire est portée devant une juridiction, elle pourrait faire émerger de nouvelles lignes directrices sur la responsabilité des plateformes quant aux contenus à visée pratique ou domestique.
Perspectives de l’histoire
À ce jour, aucune assignation n’a été déposée devant une cour de justice. La partie demanderesse envisage toutefois d’initier une procédure si aucun accord amiable n’est trouvé. De son côté, la défense maintient qu’aucun fait reprochable ne peut être retenu, ni contre Meghan Markle ni contre les producteurs de la série.
L’affaire demeure en phase précontentieuse, mais pourrait constituer un précédent en matière de responsabilité civile liée aux contenus lifestyle diffusés par des figures publiques. Elle interroge, plus largement, les obligations d’information à respecter dans les formats documentaires ou non médicaux touchant à la santé, au bien-être et à l’usage de produits domestiques.