Procès du doyen Kazdaghli : la Tunisie en plein débat sur le niqab

Habib Kazdaghli, doyen de l’université de Manouba en Tunisie, est comparu ce jeudi 3 janvier au tribunal. Une étudiante portant le niqab, voile couvrant le visage, assure que le doyen l’a frappé en mars 2012.

Le verdict du procès pour agression opposant le doyen Habib Kazdaghli et une étudiante aura lieu le 17 janvier 2013. Beaucoup de monde s’est déplacé pour assister à ce procès dont l’aspect politique est évident.

En effet, ce procès n’oppose pas simplement un doyen et une étudiante, il oppose également l’administration à des groupes salafistes qui réclament le port du niqab, voile couvrant le visage que portent certaines femmes islamistes, durant les cours. Le doyen s’est toujours prononcé contre cette obligation.

En février dernier, le tribunal administratif s’est prononcé sur le port du voile intégral déclarant que son port devrait dépendre des établissements et de leur règlement intérieur. A l’université où travaille Habib Kazdaghli, le port du niqab est donc interdit en classe et il soutient cette décision de l’université. Il nie les accusations de l’étudiante qui affirme qu’il l’aurait gifflé et affirme qu’elle et une de ses camarades auraient attaqué son bureau.

Selon le doyen, cette plainte est « une tentative d’instrumentalisation de la justice pour pénaliser ceux qui défendent l’Etat de droit ». Il se dit confiant sur son acquittement, le certificat médical de l’étudiante attestant de la claque que le doyen lui aurait mit ayant été fortement remis en cause par les avocats de ce dernier.

Selon l’accusation, le doyen réprime les étudiantes portant le niqab. « Le motif du crime était de ne pas laisser ces étudiantes suivre leurs études. C’est une discrimination contre ces gens qui portent le niqab » a affirmé l’avocat des étudiantes, Me Awled Ali.

Les débats entre les deux camps lors du procès ont été rares mais vifs, une société tunisienne « pour ou contre le niqab en cours » étant au centre des discussions.