Snowden : l’Union Européenne espionnée par la NSA

Les dernières révélations de Snowden sont tombées : les institutions de l'Union Européenne sont espionnées par le programme Prism de la NSA. Une cybersurveillance qui soit « cesser immédiatement » pour François Hollande.

 

L'informaticien de 30 ans avait déjà fait une suite de révélations concernant des écoutes par la NSA. Ce week-end, il dévoilait au Spiegel et au Guardian que les Etats-Unis espionnent l'Europe à l'aide du programme Prism. L'UE est clairement désignée, selon les documents datés de 2010 révélés par Snowden, comme une « cible à attaquer ».

Le programme Prism, dont l'opération d'espionnage de l'Union Européenne a été baptisée « Blackfoot » est constitué de micros installés dans le bâtiment de l'UE à Washington, mais aussi d'une infiltration informatique au sein du réseau leur permettant une lecture sans vergogne des mails et des documents internes.

Les cibles seraient au nombre de 38, avec l'Allemagne en tête de liste. D'après le Spiegel, 15 millions d'appels téléphoniques espionnés étaient recensés en Allemagne chaque jour. La France en compte deux millions. Deux pays, avec l'Italie et la Grèce, considérés comme « moins fiables » par la NSA.

L'ambassade de France aux Etats-Unis est également sous écoute. L'opération a été nommée « Wabash ». L'Italie a également été visée par les opérations « Bruneau » et « Hemlock ». L'ambassade et la représentation grecque à l'ONU étaient, elles, sous le joug des opérations « Klondyke » et « Powell ». Tout pour faire un bon film d'espion.

L'Europe lève la voix

 

C'est l'heure des explications. L'Europe somme les Etats-Unis de s'expliquer « dans les plus brefs délais ». Parce qu'entre partenaires « on espionne pas ! », comme le dit di bien la commissaire européenne à la Justice. «On ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s’il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens.»

En France, les voix de François Hollande, Laurent Fabius et Christiane Taubira se sont déjà faites entendre. Des faits « tout à fait inacceptables » pour le chef de la diplomatie, « un acte d'hostilité inqualifiable » pour la ministre de la Justice. Quant au chef de l'Etat, il estime que la France ne peut « pas accepter ce type de comportement » et semble décider à geler toutes négociations avec les Etats-Unis tant que des explications et des garanties n'auront pas été fournies.

« Nous savons bien qu'il y a des systèmes qui doivent contrôler, notamment pour la lutte contre le terrorisme, mais je ne pense pas que ce soit dans nos ambassades ou dans l'Union européenne que ce risque existe. » a-t-il déclaré.

Pour l'Allemagne, la confiance doit être rétablie. « Nous ne sommes plus dans la guerre froide » s'est indigné Steffen Seibert, porte-parole d'Angela Merkel. Des discussions seraient en cours avec la France à ce sujet. Comme quoi, un ennemi commun était nécessaire pour réconcilier les deux pays.

Les Etats-Unis ne démentent pas

« Chaque pays dans le monde qui est impliqué dans les affaires internationales, de sécurité nationale, exerce de nombreuses activités afin de protéger sa sécurité nationale et toutes sortes d’informations qui peuvent y contribuer », a justifié ce lundi le secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui s’est entretenu avec son homologue européenne Catherine Ashton, le chef de la diplomatie américaine, en marge d’un sommet asiatique. «Tout ce que je sais, c’est que cela n’est pas inhabituel pour un grand nombre de pays. »