L'accession à la propriété immobilière est un thème émotionnel qui passionne les Français. L'actualité du moment tourne autour des prix du m² qui ont amorcé une décrue lente entre -2 et -3% sur 12 mois, et des taux d'intérêt au plus bas, commençant à remonter très légèrement dans plusieurs banques.
Le marché de la location attire un peu moins l'attention ; en effet 57% des Français sont propriétaires de leur logement. Mais ce marché est sensible notamment pour les jeunes et les ménages à revenu modeste. L'image populaire actuelle n'est pas bonne : pour les propriétaires, louer est une activité à risque : locataires insolvables, impossibles à déloger en cas de problème. Pour les candidats locataires, la difficulté est symétrique : les biens de qualité sont vite happés ; les propriétaires exigent des dépôts de garantie et des cautions exorbitantes – bref tout est bloqué.
Est-ce bien le cas ? Selon les chiffres les plus récents, les loyers ont commencé à baisser. Le stock de logements à louer semble avoir augmenté. Mais cependant, un chiffre est alarmant pour les mois et années à venir : le nombre de transactions immobilières réalisées à titre de placement a diminué de -6,1% sur les douze derniers mois dans la France entière et de -15% en Ile de France.
Ceci laisse entrevoir une raréfaction de l'offre de logements à la location. Derrière cela, se profile l'incertitude des investisseurs, en matière législative et fiscale. La volatilité des intentions et mesures gouvernementales n'incite pas à la confiance et donc à l'investissement. Les dernières propositions : garantie universelle des loyers à la charge des propriétaires, limitation des frais d'agence … risquent de rendre les investissements encore un peu moins attractifs.
Au final, à trop protéger les locataires, on les dessert. Pour un marché fluide et profond de la location, il faut des investisseurs sereins et nombreux. L'inflation juridique et fiscale est un repoussoir, tout comme l'incertitude. La protection systématique et unilatérale des locataires en place dissuade les potentiels propriétaires. Le constat nous semble simple : pour un marché qui fonctionne bien, il faut assurer la fluidité de la demande et de l'offre. Les meilleures mesures à prendre seront celles qui augmenteront le stock d'offres. Tout le reste n'est que rigidité. A Paris par exemple, les investissements locatifs sont passés de 30% à 24% des transactions en deux ans.
La seule question valable est donc : qu'est ce qui donnera envie aux Français de réaliser des investissements locatifs ou de mettre sur le marché des biens existants ? Tant que des réponses simples et convaincantes ne seront pas sur la table, la location restera un sujet de tension.