La cour d’Assises de Pau (Aquitaine) juge jusqu’au 24 mai un père de 52 ans, pour viols et agressions sexuelles sur sa fille mineure, pendant près de dix ans. Le procès est public, fait rare. L'homme risque 20 ans de prison.
Christelle, assistante maternelle de 27 ans, a été victime de crime sexuel par son père quand elle était mineure et sur une période de près de 10 ans. Ces longues années de calvaire sexuel ont laissé bien des traces : après plusieurs tentatives de suicide, psychologues, anxiolytiques et antidépresseurs sont le lot quotidien de la victime.
Le père de famille est jugé jusqu’au 24 mai pour les actes de viols et agressions sexuelles sur sa fille mineure entre 1994 à 2003, dont il est accusé. Christelle avait alors entre 8 et 16 ans et demi. Il encourt une peine de 20 ans de prison.
« Je voulais que ce procès soit public pour qu’il avoue et qu’on arrête. J’en peux plus », a expliqué la victime, qui a indiqué ne pas « se foutre en l’air » surtout pour son fils de trois ans.
« J’ai commencé par réaliser que tout ce que m’avait fait mon père n’était pas normal le jour où je suis sortie avec un copain », a-t-elle déclaré, très émue.
Le père attend son jugement, libre sous contrôle judiciaire. Placé en garde à vue en 2008, deux ans après que sa fille (âgée de 22 ans) a déposé plainte, il avait petit à petit reconnu l’intégralité des faits reprochés. Avant de changer de version pour ne plus reconnaître que des attouchements, pour, d'après ses dires, « montrer à sa fille »
« J’ai reconnu ce que j’avais à reconnaître, mais je ne peux pas reconnaître ce que je n’ai pas fait », a-t-il lancé mercredi 22 mai. « Un de nous deux ment. Je reconnais les attouchements, mais pas le reste ».
Le père de Christelle a eu une enfance difficile : il a été violenté par son père et violé à l'âge de 11 ou 12 ans. Avec le recul, l'homme « reconnaît avoir détruit sa fille et sa famille ». « Il culpabilise et souhaite le pardon de sa fille », a indiqué l'avocate du père, Me Agnès Hauciarce.
Christelle, forte lors de l’énumération des masturbations, attouchements, pénétrations dont elle a été victime, a été par moments sidérée ou atterrée, en écoutant son père à l’audience. « Elle est soulagée que l’affaire sorte, mais en même temps, elle est très fragile », prévient son avocate Me Isabelle Duguet.
Christelle a préféré au huis clos souvent demandé -et accordé- aux victimes de crime sexuel, un procès public. « C’est courageux, c’est rare, et c’est symbolique la concernant, après avoir tellement subi le huis clos », note son avocate.
Le frère de Christelle, âgé de 24 ans, a pour sa part été condamné en janvier dernier à trois mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bayonne, pour menaces ou actes d’intimidation envers sa soeur en vue de lui faire retirer sa plainte. La mère, elle, n'a pas dénoncé le crime sexuel et n'a pas porté assistance à sa fille.