Le regroupement des islamistes en prison fait débat

Près de six mois après les attentats de janvier qui ont touchés la France et quelques jours après l’acte terroriste ayant eu lieu dans une usine d’Isère, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, donne son avis sur le regroupement des islamistes en prison.

 

 

Un avis non favorable

 

                Dans un avis rendu le 30 juin, Adeline Hazan explique qu’elle n’est pas favorable au regroupement des islamistes en prison. Pour rendre son avis elle est allée voir ce qui se passait dans le centre de détention de Fresnes, où les radicaux sont enfermés dans une unité particulière depuis octobre 2014. Le premier ministre veut d’ailleurs étendre cette mesure à quatre autres prisons de la région parisienne. Rappelons tout de même que Christiane Taubira, la gare des Sceaux, reste sceptique sur la mise en place de ces mesures.

 

Pour la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, même si la prison « est loin d’être le lieu premier de la radicalisation, il n’est pas contestable que le phénomène de radicalisation s’amplifie en milieu carcéral ». « Le regroupement des détenus radicalisés présente des risques qui ne paraissent pas avoir été pris en compte, notamment la cohabitation de personnes détenues présentant des niveaux d’ancrage très disparates dans le processus de radicalisation » conclue-t-elle.

 

L’expérience de Fresnes

 

                Comme nous le disions, l’avis d’Adeline Hazan se base sur l’expérience de Fresnes où, depuis octobre 2004, le directeur de l’établissement pénitentiaire, face à une situation critique, a décidé de placer certains détenus à l’écart. La contrôleuse générale des prisons et ses équipes ont donc rencontrés les 22 personnes concernées. Elle estime que l’expérience de Fresnes « ne démontre pas que cette pratique nouvelle ait eu un effet apaisant sur le reste de la de détention ».

 

Le premier problème est que les détenus isolés ont pour la plupart une crainte d’être étiquetés durablement comme des islamistes radicaux.  Mais le principal axe qui inquiète Adeline Hazan est que ces départements spéciaux peuvent très facilement bénéficier aux recruteurs.

 

Finalement, ces regroupements en région parisienne coupe les détenus de leur famille. Pour tous les experts le lien avec la famille est important pour les convaincre de changer de voie. C’est pourquoi plusieurs intervenants proposent une dispersion des détenus plutôt qu’un regroupement comme cela est déjà le cas en Grande-Bretagne ou en Belgique.

 

 

                Le rapport d’Adeline Hazan va surement alimenter le débat. Reste aussi l’éternel problème de la prise en charge des jeunes de retour des zones de conflit sans oublier celui de la surpopulation carcérale. Le gouvernement a du pain sur la planche !