Paris : l’église Sainte-Rita évacuée par la force

Quelques jours après le meurtre d’un prêtre pendant la messe dans une église dans l’agglomération de Rouen, l’évacuation de l’église Sainte-Rita dans la capitale suscite de vives réactions parmi la classe politique.

Ce mercredi 3 août, il est encore très tôt quand les CRS (Compagnie républicaine de sécurité) investissent le lieu de culte dans le XVème arrondissement de Paris.

Une évacuation musclée de quelques fidèles et du curé s’en suit. Les soutiens sont nombreux et ont investi le périmètre, mettant tout en œuvre pour gêner les forces de l’ordre dans cette mission délicate.

Les Républicains (LR) évoquent « une évacuation indigne », « les élus sur place ont constaté des violences policières, plusieurs d’entre eux ayant même été trainés à terre, ceints de leurs écharpes, de même que le curé », le député-maire du XVème arrondissement Philippe Goujon rajoute « au moment où la France est submergée par l’émotion après le lâche assassinat d’un prêtre ».

Cette polémique ne pouvait pas échapper à l’extrême droite. La présidente du Front national  n’a pu s’empêcher de commenter la situation sur les réseaux sociaux : « et si l’on faisait des parkings sur l’emplacement des mosquées salafistes plutôt que de détruire nos églises ? ».

Cette évacuation a donné une occasion de se montrer et de faire parler d’eux pour des mouvances proche de l’intégrisme catholique comme l’association Civitas. Invisible depuis la Manif pour tous, Frigide Barjot était présente aux côtés d’un conseiller d’arrondissement LR.

Le hic de cette histoire, c’est que cette évacuation musclée a été ordonnée par la justice.

En 2010, l’association cultuelle des Chapelles catholiques et apostoliques, le propriétaire des lieux réclamait déjà 47 000 euros de loyers impayés à la communauté gallicane, qui louait les lieux pour une somme ridicule.

En 2014, la société Garibaldi récupère le compromis de vente et valide le projet de raser l’édifice religieux afin d’y construire un parking et une dizaine de logements, la commission de Vieux Paris ne s’étant pas opposé à la destruction de ce bâtiment qui date de 1900 et « sans qualité particulière ».

A l’automne 2015, l’église est occupée par une poignée de fidèles voulant empêcher l’aboutissement du projet mais le 5 juillet 2016, le préfet de police reçoit une directive du Conseil d’Etat pour évacuer les lieux par la force si nécessaire.

Il s’agit donc d’appliquer une décision de justice suite à un litige entre le propriétaire, l’association catholique, et le locataire des lieux.

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