Après des années de polémiques aussi inutiles que stériles autour du port du voile pour les femmes musulmanes, c’est au tour du « burkini » de faire couler l’encre. A croire que les femmes françaises sont bien mieux considérées quand elles sont dénudées plutôt que quand elles font preuve de pudeur ou de conviction religieuse…
C’est à Cannes (Alpes-Maritimes) que la maire Les Républicains (LR) a interdit le port de tenue de bain qui recouvre le corps depuis le 27 juillet, elle déclare ainsi : « une tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse, alors que la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d’attaques terroristes ».
Depuis, plusieurs municipalités ont suivi l’exemple de Cannes à travers toute le pays, de Corse jusqu’au Pas-de-Calais, sans forcément que le port du burkini soit constaté pour autant. Déjà en 2013, la commune voisine de Mandelieu-la-Napoule avait adopté un décret similaire après constatation « de faits », d’après le service de communication de la ville, l’accès aux plages demeure « interdit à toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité ».
Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a porté l’affaire devant la justice. Le tribunal administratif de Nice a débouté l’association. C’est la Ligue des droits de l’homme (LDH) qui a à nouveau saisi le tribunal administratif de Nice contre l’arrêté pris par le maire LR de Villeneuve-Loubet. Cette plainte est justifiée par « l’atteinte grave et manifestement illégale portée à plusieurs libertés fondamentales ». Il est question d’exclure de l’espace public un groupe d’individu en fonction de leur appartenance religieuse, ce qui est contraire au principe de la république.
Si le débat public ne donne pas satisfaction, la LDH et le CCIF se pourvoiront devant le Conseil d’état.