Venezuela : vers une obligation d’allaiter ?

Mardi 25 juin, Le Venezuela se penchera sur un projet de loi qui entend interdire aux mères de nourrir leur progéniture au biberon, les contraignant à allaiter. Pour quelle(s) raison(s) ? Pour mieux « protéger l'amour filial », mon enfant. Plutôt pour réduire les importations de lait infantile.

Mme Odalys Monzon, parlementaire membre du Parti socialiste au pouvoir au Venezuela, a annoncé à la télévision vénézuélienne qu'un texte de loi anti biberons et lait en poudre et pro allaitement passerait entre les mains du Parlement. Derrière l'objectif mis en avant qui sert les nouveaux-nés, c'est la réduction des importations, trop coûteuses, de lait infantile qui est visée.

Le texte entend réformer la « protection, promotion et soutien à l'allaitement maternel », loi de 2007.

Pour la parlementaire qui est aussi vice-présidente de la commission de la famille de l'Assemblée nationale, l'allaitement est un droit pour chaque enfant. Un droit perdu « au profit des multinationales de lait en poudre » étrangères, déplore-t-elle. Pourtant, l'allaitement est la parfaite figure/représentation de l'amour filial, selon Mme Monzon.

Au Venezuela 27% des femmes allaitent, un pourcentage inférieur à la moyenne mondiale qui se situe autour de 38 %, informe M. Yadira Rodriguez, coordinateur du « programme national d'allaitement maternel » au ministère de la Santé vénézuélien. Les autorités vénézuéliennes
visent 70% d'enfants allaités dans le pays à l'horizon 2017.

Le pays, proche du régime de Cuba, manque de produits de première consommation, surtout alimentaires et le lait en poudre infantile fait défaut. Le Venezuela, qui vit du pétrole, importe toujours plus.

Le projet de loi va loin… Le texte prévoit l'interdiction pour les établissements sanitaires de donner aux bébés de moins de 6 mois une alimentation incluant du lait autre que le lait maternel, sauf exception médicale.

Les professionnels de santé qui désobéiraient pourrait être condamnés à des amendes allant jusqu'à 50.000 dollars (soit 38.000 euros), jusqu'à l'interdiction de pratiquer pendant 4 mois.

Également, le texte prohibe sous peine de sanctions toute incitation à l'achat de lait infantile et de biberons pour bébés, dans les médias ou ailleurs. Il prévoit même la création de « banques de lait maternel ».

Face à toute ces interdictions il existe aussi des exceptions : pas d'allaitement en cas de décès de la mère ou pour les femmes capables de prouver qu'elles ne peuvent allaiter. Les entreprises devront revoir les horaires des employés et mettre à disposition un lieu dédié à l'allaitement des mères.

La réaction des féministes ne s'est pas fait attendre : elles parlent d'un texte hypocrite qui porte atteinte aux droits des femmes, plus qu'il ne défend les nouveaux-nés et l'amour filial.