Virgin en liquidation judiciaire : une sucess story qui se termine en cauchemar

Lundi 17 Juin, 960 salariés ont vu se réaliser leur pire cauchemar. 26 magasins ferment définitivement leurs portes. Va ensuite avoir lieu un véritable bras de fer entre la direction et les employés, qui occupent les magasins en signe de protestation contre le plan social proposé. 8M€ sont prévus, ils en réclament 15 M€.

Le 20 Juin dernier, ils ont obtenu gain de cause et un accord a été signé entre les organisations syndicales et le mandataire judiciaire.

Et nunc ? Comment une multinationale comme Virgin fait-elle face à une liquidation judiciaire ?

Virgin, la fin d’une aventure, le début d’une galère ?

 

La marque culturelle disparait, c’est la fin d’une belle aventure, comme l’a annoncé un très bref communiqué de Virgin. Mais comment cela se traduit-il concrètement ? Que vont-ils faire de leurs stocks ? Le mobilier, les marchandises ? Le magasin de Bordeaux, qui ne faisait pas partie du plan de reprise, a choisi de brader ses stocks en mai pour vendre le plus possible d’articles avant la fermeture. Les autres magasins ne peuvent pas faire de même, la société est contrainte de laisser ses biens entre les mains d’un mandataire judiciaire et donc du liquidateur. La vente de ces actifs, étape clé du procédé de liquidation judiciaire, devrait servir avant tout à rembourser les 50M€ de dettes que la société traine avec elle depuis des années.

En 2008, Lagardère vend Virgin au fonds Butler Capital Partners mais il est déjà trop tard. Des magasins ferment et la dette s’alourdit. Comment payer cette dette ? Le système de liquidation judiciaire vient très souvent se heurter à cette réalité. En effet, la France fait partie des pays où le taux de recouvrement est très bas, à peine 45% selon le rapport « Doing Business 1» sorti en 2012. Ceci veut dire que le créancier ne récupère que 45 centimes pour 1 euro. Un taux sensiblement plus bas que d’autres pays, comme la Belgique ou le Danemark qui sont à 86%. Virgin ne récupérera vraisemblablement pas assez de la vente pour rembourser les 50M€, pas même la moitié. L’enseigne n’a d’ailleurs aucune raison d’être épargnée par ce phénomène : TPE, PME, grands groupes – tous font face à un système opaque et inefficace. Plus de 60 000 entreprises sont placées en liquidation judiciaire chaque année. Suffisamment pour faire bouger les choses ? Et bien non. Beaucoup de ventes se passent encore à huis clos, il y a un manque de transparence et certaines pratiques peuvent jouer contre les intérêts des patrons, de leurs entreprises et des acheteurs potentiels.

Pourtant, la solution est simple et évidente : rendre ces ventes publiques, les promouvoir et présenter les biens clairement avec une description et des photos attireraient un nombre d’acheteurs bien plus importants ! Ainsi, une vente aux enchères pourrait rapporter bien plus à la société, si les acheteurs potentiels étaient encouragés à se manifester. Si la France atteignait le même taux de recouvrement que la Belgique, Virgin pourrait récupérer près de 43M€ au lieu des 22,5M€ qu’ils peuvent espérer avec le système actuel. Ceci bénéficierait à l’économie toute entière ! Il est grand temps que ce fléau soit pris à bras le corps et que des solutions concrètes et innovantes soient proposées.

 

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