Des avortements sélectifs au Royaume-Uni

La préférence pour les garçons subsiste. C'était ce qu'un journal britannique cherchait à prouver, en montrant que certains avortements étaient pratiqué en raison du sexe du fœtus.

Une enquête pour démontrer l'existence d'avortements sélectifs

 

Le Daily Telegraph avait engagé une longue enquête visant à prouver que des avortements sélectifs étaient pratiqués dans les communautés immigrées en Grande-Bretagne. En février 2012, le quotidien a équipé quatre femmes enceintes d'origines ethniques différentes, notamment indo-pakistanaise, d'une caméra cachée.

Ces femmes ont été envoyées dans neuf cliniques du Royaume-Uni pour demander un avortement au motif que le sexe de leur fœtus ne leur convenait pas. La majorité des médecins a refusé, mais deux ont accepté.

Le premier déclare : « c'est une forme d'infanticide féminin ». Puis propose d'inscrire « trop jeune pour être mère » pour justifier l'intervention. Le deuxième ne s'indigne pas, acceptant simplement la demande d'avortement quel qu'en soit le motif ; « raisons sociales » constituera la justification de l'opération.

Pas de poursuite judiciaires pour les médecins prêts à réaliser ces avortements

 

À la suite de ces caméras-cachées, une enquête de police a été ouverte. Néanmoins, le parquet britannique a décidé de ne pas poursuivre les deux médecins, même si les preuves nécessaires pour le faire sont suffisantes. Le ministre de la Santé, Jeremy Hunt, a rappelé que des avortements fondés sur le choix des sexes étaient « hors la loi et totalement inacceptables ». Il a exigé au conseiller juridique du gouvernement des « clarifications urgentes ».

Le parquet a justifié sa décision en insistant sur le rôle du conseil de l'ordre, plus à même de gérer cette affaire que la justice : « en prenant en compte la nécessité d'avoir un jugement professionnel sur les actes répréhensibles, et pour ne pas dissuader des médecins de pratiquer des avortements légitimes, […] nous avons conclu que ces cas spécifiques seraient mieux gérés par le conseil de l'ordre que par la justice ».

Le parquet a également soulevé le fait qu'aucun avortement n'avait finalement eu lieu. Enfin, les médecins interprètent et appliquent la loi dans des circonstances sensibles, « non définies par la législation », ce qui a motivé la décision du parquet.

Au Royaume-Uni, un avortement peut être pratiqué jusqu'à la 24e semaine de grossesse, ce qui est suffisant pour connaître le sexe de l'enfant. Toutefois, l’accord de deux médecins est nécessaire pour avorter. La loi autorise les femmes à avorter « pour sauver la vie ou empêcher des blessures graves et permanentes à la santé physique ou mentale de la femme enceinte ».