Birmanie: sept ans de prison pour « atteinte au secret d’État » à l’encontre de deux journalistes

Lundi 3 septembre, le tribunal de Rangoun en Birmanie a condamné Wa Lone et Kyaw Soe Oo, deux journalistes, a sept ans de prison pour « atteinte au secret d’État ».

Cette lourde sanction à l’encontre de deux journalistes de l’agence britannique Reuters démontre l’absence de démocratie dans ce pays en proie à de vives critiques de l’opinion internationale depuis le début des exactions contre les Rohingyas, cette minorité musulmane.

Accusés d’avoir violé des « secrets d’État », les deux suspects avaient été arrêtés au mois de décembre 2017 à la suite d’un piège tendu par les forces de l’ordre birmanes.

Les deux reporters étaient sur le point de faire des découvertes importantes dans le cadre d’une enquête sur la mort de dix paysans rohingyas massacrés par l’armée quand ils ont été appréhendés.

Au mois d’avril dernier, Moe Yan Naing, un policier a déclaré devant le tribunal qu’il était bien question d’un piège tendu contre les deux accusés.

Cette déclaration lui a valu un an de prison au motif de « violation du code de la discipline ».

Dans sa décision, le juge Ye Lwin fait référence une loi qui date de la colonisation britannique, qui prévoit pour de tels faits une peine pouvant atteindre quatorze ans de prison.

Ainsi, Ye Lwin a expliqué « nous avons estimé que les coupables ont eu l’intention de nuire aux intérêts de l’État. Ils sont coupables en vertu de la loi sur la protection des secrets d’État ».

Cette condamnation intervient quelques jours après un rapport émis par une commission de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur ce drame humanitaire.

Dans ce rapport, l’ONU évoque un « génocide » et préconise des poursuites judiciaires devant la Cour pénale internationale pour plusieurs gradés dont le général Min Aung Hlaing, l’actuel chef d’État major de l’armée birmane.

Stephen J. Adler, le chef de la rédaction de Reuters a commenté ce verdict « aujourd’hui est un triste jour pour le Myanmar et pour la presse ».

Michelle Bachelet, la cheffe de l’ONU pour les droits de l’homme, a déclaré : « je pense que tout (…) le procès était une parodie de justice. J’exhorte donc le gouvernement de Birmanie à les libérer dès que possible, immédiatement ».

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