Procès Cahuzac : aveux et enjeux

L’ancien député et maire, Jérôme Cahuzac, accusé d’avoir des comptes bancaires en Suisse depuis décembre dernier a finalement avoué l’existence de ses comptes et a du renoncer à ses mandats.

En décembre dernier, le site Mediapart assurait que l’ancien ministre du budget détenait des comptes bancaires non déclarés en Suisse dont les avoirs ont ensuite été déplacés à Singapour. A la suite de cette révélation, une investigation judiciaire débute tandis que le principal intéressé, Jérôme Cahuzac, nie les faits.

Pour corroborer ses propos à l’encontre de l’ancien ministre dont la principal bataille durant son mandat était ironiquement la lutte contre la fraude fiscale, le site d’investigation Mediapart révèle des enregistrements où un homme, supposé être M. Cahuzac, déclare : « Ca me fait chier d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques ».

Après ces révélations de Mediapart, d’autres sortent du placard et accusent également l’homme politique de fraude fiscale. Rémy Garnier, un ancien agent du fisc, ressort son mémoire datant de 2008 dans lequel il évoque les comptes présumés cachés de l’accusé. Un détective témoigne également à la défaveur de Jérôme Cahuzac déclarant avoir été engagé par la femme de ce dernier, Patricia Cahuzac, qui elle-aussi avait évoqué ces comptes à plusieurs reprises.

Une enquête officielle a été ouverte par le parquet de Paris le 8 janvier dernier afin de vérifier s’il y a eut ou non un blanchiment de fraude fiscale. Jérôme Cahuzac s’était alors montré confiant et s’était déclaré heureux de pouvoir « démontrer sa complète innocence ». Il accusait même Mediapart de diffamation. Cependant, les choses ne se déroulèrent pas comme prévue pour l’ancien ministre qui dû, à la suite des résultats de l’enquête, démissionner. Il fut également mis en examen hier, mardi 2 avril, alors qu’il a récemment avoué sa culpabilité.

Le parquet se penche désormais sur les possibles avantages vis-à-vis des industries pharmaceutiques dont aurait pu bénéficié Jérôme Cahuzac en tant que chirurgien esthétique. Il est en effet important pour le parquet de définir la source des fonds trouvés en Suisse. L’avocat de M. Cahuzac quant à lui assure que cet argent lui provient de ses activités de médecin et de consultant.

Les médias sont de plus en plus nombreux à analyser les impacts que cette affaire aura sur le mandat du président de la République, François Hollande. Les problèmes ne sont pas finis pour celui qui se dit « dévasté par les remords ». Selon le site Mediapart, le fisc enquêterait également sur la possibilité que M. Cahuzac ait sous-évalué son appartement de Paris de 10% et menti sur un prêt parental, remboursé depuis longtemps.