La justice reconnaît le statut de victime pour les porteuses des implants PIP

Tandis qu’en mars dernier, la magistrate Annaïck Le Goff excluait toutes les femmes ayant retiré leurs implants à titre préventif de la procédure d’indemnisation, la cour d’appel d’Aix a de son côté reconnu le statut de victime pour les porteuses des prothèses PIP.

La présidente de l’association PPP, porteuses de prothèse PIP, Alexandra Blachère, crie victoire : la Chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a reconnu en appel le statut de victime pour les 30.000 femmes porteuses des implants PIP, y compris celles dont les prothèses ont été retirées à titre préventif alors qu'elles avaient été précédemment exclues de toute procédure d’indemnisation.

Elles pourront donc se constituer partie civile dans l’instruction pour « blessures involontaires ».

Selon Me Philippe Courtois, avocat de 2800 porteuses, « cela va permettre aux victimes d'être bien indemnisées car le procès pour tromperie ne donne droit qu'au préjudice moral alors que toute la panoplie des préjudices est ouverte dans l'instruction pour blessures involontaires».

Me Laurent Gaudon, qui lui défend 1600 autres victimes, déplore la décision de la cour : « c'est la mort clinique du dossier pour blessures involontaires par asphyxie de l'instruction. Le procès n'aura pas lieu avant 10 ans et cela va coûter une quinzaine de millions, sans apporter un centime aux victimes. »

D’après ses dires, les femmes porteuses qui n’ont constaté aucun dommage physique seront indemnisées dès le procès «  tromperie » qui aura lieu à Marseille le 17 avril alors que celles qui ont subi de lourdes blessures attendront dix ans. Me Courtois conteste : « la durée d'une instruction n'est pas liée aux nombres de victimes. Celle de la Clinique du sport a duré 12 ans pour 60 victimes alors que celle d'AZF où il y avait des milliers de victimes, a été bouclée en 6 ans. »

Rappelons que Jean-Claude Mas, fondateur de la société PIP, avait admis avoir utilisé du gel maison pour la fabrication de ses prothèses. Une procédure judiciaire avait été entamée lorsqu'une femme porteuse était décédée des suites d'un cancer. L'une des prothèses s'était fissurée et le gel s'était répandu dans l'organisme.