Les pratiques managériales d’Hollister pointées du doigt par ses employés français.

A Hollister, marque de vêtements sportwear américaine, tout n'est pas rose : cadre de travail dangereux pour la santé, atteintes aux libertés, dépassements du temps de travail, discriminations, pour les employés français s'en est trop.

Jolis vendeurs et vendeuses, sourires affichés, musique, … Ne vous fiez pas à la chouette ambiance qui transparait des magasins Hollister et de ses employés joviales et détendus. Une façade, un faux-semblant si on en croit les employés français d'Hollister, marque de sportwear américaine issue du groupe Abercrombie et Fitch, arrivée en France fin 2011. Les employés mettent en cause des pratiques managériales abusives, contraires au droit français. Sont reprochés : un cadre de travail mauvais pour la santé, des atteintes aux libertés individuelles et à la vie privée, faire travailler les employés au-delà du seuil réglementaire, et faire de la discrimination. L'inspection du travail enquête actuellement dans plusieurs magasins français de la marque, ce qui pourrait aboutir à des poursuites aux prud'hommes et au pénal d'Hollister France.

L'Enseigne a une obsession pour le « look », d'ailleurs, ses vendeurs sont appelés « modèles ». Chez Hollister, l'embauche des vendeurs peut se résumer à ça : « On nous pose trois questions, mais surtout, on nous prend en photo sous toutes les coutures », déclare Maxime (nom d'emprunt), jeune employé recruté pour l'ouverture du magasin Hollister de Lyon, en avril 2012. Le jeune homme va plus loin, indiquant qu'il a « vu faire la directrice du magasin : elle regarde les photos sur son ordinateur et dit « oui, non » sans jeter un oeil au CV ». C'est pourquoi tous les vendeurs de la marque à Lyon sont (très) jeunes, les garçons ont « la mâchoire carrée et le corps bien baraqué », les filles sont minces et ont toutes les cheveux longs, les dents sont blanches. Cette obsession du paraître fait des employés de la marque, même lorsqu'ils sont en poste une « publicité ambulante », d'après les employés eux-mêmes, dont le look fait l'objet d'un contrôle permanent.

Depuis quelques mois, certains des employés de la marque, à Lyon, contestent leur tenue de travail. Leur contrant à peine signé ils doivent acheter des vêtements de la marque qu'ils porteront comme tenue de travail. L'un des employés, un étudiant embauché pour l'été 2012, explique : « Je trouvais ça étrange, on n'avait pas encore gagné d'argent qu'on nous demandait déjà d'en dépenser, mais j'étais persuadé qu'on serait remboursés. ». 2 semaines plus tard,le jeune employé est prié de se racheter une tenue de travail (compter 150€ en moyenne) alors qu'il a un contrat de 10 heures hebdomadaires…

Yoann constate rapidement que, bien que rien ne soit précisé dans le contrat de travail, des salariés se sont vu renvoyer chez eux pour avoir osé se présenter sans la tenue imposée. S'en est trop pour Yohann qui lance une pétition dans le but d'obtenir le remboursement de sa tenue de travail. Mais « la directrice était hors d'elle quand je lui ai remis, elle ne voulait même pas discuter », se souvient-il. Par ailleurs, le jeune employé faisait en réalité « jusqu'à 50 heures » hebdomadaires alors que son contrat stipulait 10 heures/semaine.

La directrice du magasin Hollister de Lyon, non-francophone, a indiqué que « seul le siège dans l'Ohio est habilité à communiquer » en guise de réponse aux journalistes  attendant des explications  sur les pratiques managériales de l'enseigne.

La direction d'Abercombie et Fitch a elle aussi refusé de répondre aux questions des journalistes,
portant sur le même sujet. Le groupe a été condamné plusieurs fois pour discrimination à l'embauche, aux Etats-Unis et en Grande Bretagne. En 2004, Abercrombie et Fitch a dû payer 50 millions de dollars (soit près de 40 millions d'euros) à un ensemble de personnes, notamment issues de minorités ethniques, que le groupe a dissuadé de candidater.

Aux Etats-Unis, les employés se sont plaint majoritairement des discriminations à l'embauche, alors qu'en France les employés dénoncent davantage « les conditions de travail difficiles et les entraves au respect du droit du travail français » observe Aude Lejeune, sociologue auprès des centres de recherche et d'étude CNRS/CERAPS.