Le procès Mediaset est un des procès les plus médiatiques de l’histoire judiciaire d’Italie puisqu’il voit en principal accusé Silvio Berlusconi, président du Conseil italien durant plusieurs années. Accusé de fraude, et notamment d’en être l’organisateur et l’instigateur, Silvio Berlusconi risque gros, tout au moins du point de vue de sa vie politique.
Une affaire politique avant tout
Silvio Berlusconi, au centre de ce procès et, surtout, sur le banc des accusés, est une figure politique italienne importante en plus d’être un des hommes les plus riches du pays. Sa réputation est entachée de soupçons de fraude depuis des années mais c’est la première fois qu’il pourrait être réellement condamné, mettant en branle l’intégralité de son parti.
Fondateur du PDL (Popolo delle libertà), Berlusconi est monté en puissance grâce à ses chaînes de télévision réunies dans le groupe Mediaset ainsi que grâce aux diverses participations dans des journaux de droite et centre droite. De fait, il a été plusieurs fois élu président du Conseil, l’équivalent italien du Premier Ministre mais ayan tplus de pouvoir, l’Italie étant une démocratie parlementaire et non présidentielle.
Très critiqué pour sa fortune par la gauche, il a souvent été au centre de scandales médiatiques comme les célèbres fêtes de sa villa de Arcore qui ont culminé avec le Rubygate, le procès l’accusant de prostitution de mineure pour lequel plusieurs de ses proches ont été condamnés.
Ce procès reste donc un des plus attendus car c’est l’intégralité et l’intégrité de l’ensemble de la droite italienne qui est en jeu.
Est-ce que Berlusconi sera condamné ?
Le procès dont le verdict devrait tomber mercredi 31 juillet ou, selon les juges, au plus tard jeudi 1er août devrait seulement confirmer ou annuler la condamnation de l’ancien chef du gouvernement, déjà condamné en première instance et en appel à 4 ans de prison et 5 ans d’inéligibilité.
Le procureur de la République Antonio Mura a néanmoins demandé que la peine d’inéligibilité soit réduite à 3 ans, selon les termes de la loi, bien qu’en appel ait été confirmée la peine de cinq ans. Une manœuvre pour s’assurer que la défense du Cavaliere ne puisse pas faire annuler la sentence.
Concernant la peine de prison, le procureur l’a maintenue dans sa demande aux juges, tout en étant conscient qu’au vu de l’âge avancé de Bersluconi, il est quasiment impossible qu’elle soit appliquée.
De son côté, l’avocat de Silvio Berlusconi, Franco Coppi, reste extrêmement confiant et vise l’annulation pure et simple de tous les chefs d’accusation et de toutes les condamnations précédentes pour son client. Un scénario qui paraît néanmoins invraisemblable, la ligne de défense de Me Coppi étant que le procès Mediaset a été monté purement et simplement dans l’optique de faire chuter Berlusconi.
Quelles conséquences à la fin de ce procès ?
Ce procès est un symbole fort dans la vie politique du pays actuellement en crise et qui tente par tous les moyens de se défaire de la corruption politique. Un ras-le-bol général des manigances de la classe politique a d’ailleurs permis à Beppe Grillo et son Movimento cinque stelle de faire un score très remarqué lors des dernières élections. Le mot d’ordre de ce parti est l’absence de politiciens de métier en faveur de vrais citoyens au pouvoir.
Mais le pays est actuellement dans une mauvaise posture autant sur le plan économique, sa note a été baissée à BBB par Standard & Poor’s il y a peu de temps, que sur le plan politique, le gouvernement au pouvoir étant un gouvernement de coalition entre la gauche et la droite.
Si la cassation confirme la sentence de Berlusconi, c’est l’intégralité du gouvernement qui risque de se désagréger mettant le pays en une situation encore plus instable qu’il ne l’est déjà. Toutefois, la population italienne, notamment les citoyens de gauche, attendent avec impatience la confirmation de la sentence, Berlusconi ayant souvent réussi à éviter d’être condamné à cause de la prescription de certains délits.
De fait, donc, une condamnation pourrait aussi être bénéfique pour le moral des italiens qui renoueraient un peu de confiance en leur justice et leur classe politique.