Fusion SFR-Numericable : où en est-on ?

Depuis la décision du conseil de surveillance de Vivendi élisant Numericable vainqueur dans le dossier du rachat de SFR, quelles ont été les étapes franchies ces dernières semaines ? En interne, tout est fait pour que la fusion ait lieu rapidement et dans les meilleures conditions en termes d’emplois. Elle reste néanmoins suspendue au calendrier d’examen de l’Autorité de la concurrence qui doit donner sa validation finale.

Depuis la décision du conseil de surveillance de Vivendi, qu’en est-il du dossier relatif à la fusion de SFR et Numericable ? Aux dernières nouvelles, Altice a bien envoyé la pré-notification du rachat de SFR à l’Autorité de la concurrence. Les autorités réglementaires (Autorité de la concurrence et ARCEP) doivent encore donner leur approbation finale.

Les directions espèrent qu’elles le feront d’ici la fin de l’année. Mais parce que la régulation du marché du câble nécessite quelques arbitrages, il est à craindre qu’elle ne soit en réalité rendue qu’au début de l’année 2015, repoussant d’autant la fusion effective.

« Nous ferons un examen approfondi. Le dossier sera soumis au collège à l'issue d'une procédure contradictoire, qui permettra aux parties de réagir au diagnostic concurrentiel qui sera porté par l'Autorité », a déclaré Bruno Lasserre, le président de l'Autorité de la concurrence. À l'examen du dossier en phase 1, qui dure 25 ou 40 jours ouvrés, succédera une seconde phase de 65 jours ouvrés – peut-être davantage s'il faut finaliser les engagements proposés par les entreprises.

Les points qui requièrent son examen concernent notamment les impacts de la fusion sur le marché du fixe. « Nous allons réclamer un traitement équitable entre le câble, le cuivre et la fibre », a déclaré le PDG d’Orange, Stéphane Richard. L’opérateur historique Orange a annoncé qu’il allait demander l’allègement de la régulation de sa fibre dans les zones où le câble est présent.

Des milliers d’emplois sont en jeu. D’ailleurs, SFR comme Numericable ont engagé des procédures de consultation des élus du personnel.  En particulier, Jean-Yves Charlier, le directeur général de SFR, a rendu visite à tous les sites de l’opérateur afin de rassurer le personnel : Altice l’a promis, les emplois seront maintenus au sein de la nouvelle entité pendant 36 mois.

Patrick Drahi s’est en effet engagé « à ne pas licencier, à conserver 8500 emplois chez SFR et 2400 chez Numericable, et même à recruter des commerciaux pour le marché des entreprises ». Mais le plus vite se décidera l’Autorité de la concurrence, le plus facile ce sera pour le nouvel ensemble de respecter ses engagements.

En attendant, le dossier avance en interne. Récemment interrogé sur le sujet sur BFM Business, Jean-Yves Charlier s’est montré optimiste, indiquant que toutes les conditions étaient remplies « pour que ce rapprochement se fasse avant la fin de l’année » : « Nous avons mené quatre grandes actions », a-t-il précisé. « D’une part dans la communication, notamment auprès de nos clients: aujourd’hui, ce sont plus de 55 % de nos clients qui sont favorables (à la fusion) et pensent que cela aura un impact positif sur leurs produits et services. Ensuite, nous avons lancé le chantier de consultation auprès de nos syndicats, ainsi que la pré-notification auprès de l’Autorité de la concurrence. Enfin, nous avons, en l’espace de quelques semaines, levé les fonds nécessaires pour pouvoir mener cette transaction. Nous sommes sur un calendrier ambitieux », a-t-il conclu.

En outre, SFR et Numericable ont signé l’accord définitif de rapprochement vendredi 20 juin. Le communiqué de presse précise d’ailleurs que cette signature s’est faite « à l’issue d’un dialogue très constructif avec les instances représentatives du personnel concerné ».

De son coté, le dernier rapport d’activité annuel 2013 du marché des télécoms voit la concentration de secteur ainsi occasionnée par cette fusion d’un bon œil car elle contribue à la redynamisation du secteur, au même titre que l’innovation, la mutualisation des réseaux, fixes comme mobile et le rééquilibrage du prix.

Gageons que l’Autorité de la concurrence fera en sorte de ne pas contrarier un calendrier dont les répercussions sont d’une telle importance sur le marché des télécommunications, à l’heure où le chômage ne cesse de progresser.