Zyed et Bouna : enfin un procès après 10 ans d’attente

Dix ans ! C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour que s’ouvre le procès de Clichy-sous-Bois se penchant sur la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, le 27 octobre 2005, qui s’étaient réfugiés dans un transformateur EDF alors qu’ils fuyaient la police. C’est ce tragique incident qui avait été le point de départ des émeutes de 2005.

 

 

Retour sur les faits

 

Y-a-t-il un sens à rendre la justice dix ans après les faits ? La question peut se poser mais c’est bel et bien dix ans après ce drame que s’est ouvert, lundi 16 mars, et pour une semaine, le procès qui se penche sur le renvoi de deux policiers : Sébastien G. et Stéphanie K. Les deux fonctionnaires de police sont poursuivis pour non-assistance à personne en danger et ils encourent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ainsi qu’une amende pouvant atteindre 75 000 euros.

 

Revenons sur ce qui s’est passé le 27 octobre 2005. En pleines vacances scolaires, huit adolescents de la cité du Chêne-Pointu de Clichy-sous-Bois rentrent à pied du stade de Livry-Gargan où ils ont disputé un tournoi de football. Sur le chemin du retour ils font un crochet par un chantier de construction de logements sociaux. Un des employés du chantier les voit s’approcher d’un cabanon, il a l’impression qu’un des jeunes fais le guet et soupçonne un vol, il alerte alors la police.

 

Quand les forces de l’ordre arrive c’est Bouna qui les repère en premier, il prévient ses amis et le groupe se disperse. Zyed et Bouna partent ensemble, à la radio Sébastien G. qui est sur place annonce : « Les deux individus sont localisés. Ils sont en train d’enjamber pour aller sur le site EDF. Faudrait ramener du monde, qu’on puisse cerner un peu le quartier, ils vont bien ressortir. En même temps, s’ils rentrent sur le site, je donne pas cher de leur peau ». Une demi-heure plus tard, les deux gamins reçoivent une décharge de 20 000 volts et meurent instantanément.

 

Le parquet requiert la relaxe des deux policiers

 

Ce qui est reproché à Sébastien G., gardien de la paix, c’est de ne pas avoir alerté Zyed et Bouna du danger qu’ils risquaient à pénétrer dans le transformateur. Stéphanie K., à l’époque standardiste, est accusée d’avoir entendu le message radio de Sébastien G. et d’être restée passive alors qu’elle aurait pu prévenir EDF. Selon un rapport de l’Inspection Générale des Services publié en 2006, si l’alerte avait été donnée à temps, EDF aurait pu intervenir un quart d’heure avant l’incident.

 

Mais revenons au procès ! Jeudi 19 mars, le parquet a fait sa plaidoirie et à demander la relaxe pour les deux policiers comparaissant devant le tribunal correctionnel de Rennes. « Il n’y a pas lieu d’entrer en voie de condamnation. On n’apaise pas la douleur d’un drame en causant une nouvelle injustice » a déclaré la procureure Delphine Dewailly, demandant un non-lieu pour les deux accusés.

 

Le procès s’est achevé vendredi 20 mars avec les plaidoiries de la défense. La décision du tribunal correctionnel de Rennes est attendue pour le 18 mai prochain. Même si le ministère public a requis la relaxe des deux policiers, les avocats des parties civiles ont réclamé une condamnation.

 

 

Maintenant les familles des victimes et les deux accusés doivent attendre le 18 mai pour être fixé sur l’issu de ce drame qui aura mis 10 ans à être jugé. En France la justice est souveraine est personne ne viendra contester le décision qui sera prise mais espérons que si les deux policiers sont relaxés, de nouvelles émeutes ne verront pas le jour dans nos quartiers…