L’ancien maire de Tours retrouvé mort le jour de son procès

Mardi 7 avril au matin, le sénateur PS d’Indre-et-Loire et ancien maire de Tours, Jean Germain, a été retrouvé mort près de son domicile. Il était attendu le jour même devant le tribunal de grande instance de Tours pour complicité de prise illégale d’intérêts dans l’affaire dite des « mariages chinois ».

 

 

Un soupçon de détournement de fonds publics

 

                L’affaire des mariages chinois a éclaté à la mi-2011 avec l’envoi d’une lettre anonyme à la presse et la publication d’un article dans Le Canard Enchaîné. Entre 2007 et 2011 pas moins de deux cents couples chinois se sont dit oui au sein de l’Hôtel de ville de Tours moyennant près de 3 000 euros. Ces noces fictives comprenaient des visites de châteaux de la Loire et de la ville de Tours, ainsi qu’un remariage symbolique avec Jean Germain, alors maire de la commune, arborant son écharpe tricolore pour l’occasion.

 

Le personnage central de ce dossier est Lise Han, l’ancienne collaboratrice du maire chargée du bureau France-Chine. L’organisation de ces cérémonies était pilotée par la société Time-Lotus bleu SARL dont Lise Han était la gérante de fait. Mise en examen en janvier 2013 pour escroquerie, prise illégale d’intérêt et recel de fonds publics elle portait depuis un bracelet électronique. En d’autres termes, Lise Han s’attribuait à elle-même des marchés publics  dont la somme totale avoisine les 950 000 euros.

 

Au moment de la mise en examen de Lise Han les juges ont estimés qu’il « pouvait exister des charges permettant de soupçonner M. Germain d’avoir été informé des faits commis par Mme Lise Han », c’est pourquoi il était attendu sur le banc des accusés. Le sénateur PS a toujours affirmé qu’il ignorait « en totale bonne foi les mensonges et les manipulations de Mme Lise Han » et qu’il n’avait pas décidé de son recrutement.

 

Une lettre d’adieu retrouvée à son domicile

 

Selon les tous premiers éléments de l’enquête sur la mort de Jean Germain, « il s’agirait d’un suicide » a affirmé une source policière à l’AFP. Une lettre d’adieu rédigée par ses soins a d’ailleurs été retrouvée à son domicile. Des extraits de cette lettre ont été lus au tribunal et à la presse par l’avocat de M. Germain, Me Dominique Tricaud après avoir annoncé que son client se sentait « très mal dans la matinée ».

 

« On ne peut laisser la chasse systématique aux politiques se dérouler normalement. Il est des êtres, dont je suis, pour lesquels l’injustice et le déshonneur sont insupportables. Je n’ai pas détourné un centime. J’ai fait ce que je pensais être bon pour le bonheur des Tourangeaux » écrit dans sa lettre d’adieu celui qui été considéré comme un proche de François Hollande, qui ne s’est pas encore exprimé sur la question. Manuel Valls, pour sa part, s’est dit très « bouleversé » par la perte d’un « ami ».

 

 

                Devant des circonstances qu’il a qualifiées « d’insurmontables », le procureur a demandé le renvoi de l’audience à une date ultérieure. Les autres prévenus sont maintenus sous contrôle judiciaire et l’audience aura finalement lieu des 13, 14 et 15 octobre prochain. D’ici là, nous en saurons surement plus sur les circonstances de la mort de Jean Germain.