Linky : le nouveau compteur électrique est-il conforme à la réglementation en vigueur ?

Futur pilier de la transition énergétique, le nouveau compteur communicant d'ERDF, Linky, est depuis des années attaqué par divers acteurs au motif qu'il ne respecterait la réglementation sanitaire en vigueur. Légende urbaine ou réel risque pour la santé des Français ?

Linky, le nouveau compteur intelligent, va s'installer d'ici quelques mois dans les premiers foyers français. A terme, il devra équiper les 35 millions d'abonnés que compte le géant de l'électricité EDF ; sa filiale chargée de la distribution, ERDF, a récemment passé d'importants contrats pour initier ce déploiement massif. A la fois plus économique et plus respectueux de l'environnement, mais également pourvoyeur d'emplois – les travaux d'installation nécessiteront plusieurs centaines de techniciens –, le boitier Linky a pourtant bien failli ne jamais voir le jour. Certains syndicats ou associations continuent d'alerter les pouvoirs publics et de sensibiliser les populations sur l'éventuelle dangerosité du compteur intelligent.

Ce fut par exemple le cas, en 2012, plusieurs associations et syndicats reprochant au gouvernement de vouloir généraliser l'implantation de Linky, ce qui aurait pour conséquences, selon eux, de multiplier les rayonnements électromagnétiques (REM) émis par les dispositifs de comptage. Sauf que, d'après le Conseil d'Etat, saisi par les quatre associations et syndicats plaignantes, ces « REM (…) n'excèdent ni les seuils fixés par les dispositions (…) de la directive européenne du 15 décembre 2004 (…), ni ceux admis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). »

« Linky est conforme à la réglementation en vigueur »

Il en faut cependant plus aux détracteurs de Linky pour se calmer et la polémique n’a pas désenflé pour autant. Le Conseil d’Etat aurait fait erreur et les critiques continuent de pleuvoir sur la toile quant à la dangerosité du boîtier. De nouvelles expertises ont alors été menées par par le Centre de recherche et d’informations indépendantes sur les REM (CRIIREM), à la demande de plusieurs syndicats intercommunaux. Celles-ci ont cependant une nouvelle fois confirmé « qu'il n'y avait pas de risque sanitaire aigu (…) à craindre en lien avec l'exposition aux rayonnements ».

« Il apparaît ainsi que le niveau d'ondes électromagnétiques générées par Linky est conforme à la réglementation en vigueur et qu'il n'y a donc pas de risque sanitaire attaché à l'utilisation de ce compteur », explique  le ministère de l'Ecologie dans sa réponse écrite du 16 septembre 2014. Même son de cloche chez le CRIIREM : « Les compteurs Linky utilisent des fréquences dans la bande de 3 kiloHertz à 148,5 kiloHertz et sont connectés par le courant électrique 50 Hertz à des concentrateurs. (…) Concernant les valeurs d'exposition aux champs d'induction magnétique afférentes aux radiofréquences, elles sont in situ très faibles… »

Michelle Bellon, qui était à l'époque et jusqu'en 2014 présidente du directoire d'ERDF, précise : « Certaines mesures sont entre 150 et 2 000 fois inférieures aux normes européennes en matière d'émission ». Celles prises en 2011 sur des boitiers montrent, précisément, que le champ électrique de Linky se situe entre 0,14 et 0,59 Volt par mètre (V/m), Bruxelles exigeant de ne pas excéder 87 V/m. Quant au champ magnétique, il se situe également bien en-deçà des normes européennes : il oscille entre 0,005 et 0,16 moyenne tension (mT), pour un plafond de 6,25 mT.

Une conclusion qui ne suffira probablement pas à apaiser les plus sceptiques. Reste que Linky sera bel et bien déployé prochainement dans 35 millions de foyers français qui pourront se faire leur propre opinion sur la question.