Malaisie : disculpé dans l’affaire du 1MDB, Najib Razak met les bouchées doubles contre le terrorisme

Toutes les charges pesant contre Najib Razak, Premier ministre de Malaisie, viennent d'être abandonnées. L'argent qu'il a touché, dont l'essentiel a depuis été restitué au donateur, aurait servi à appuyer la lutte du pays contre le terrorisme. Un épilogue par forcément surprenant, quand on connait l'identité de ce donateur. 

Le Premier ministre modéré de Malaisie, Najib Razak, s’est retrouvé dans l’oeil du cyclone après des révélations portant sur un versement de 681 millions de dollars (625 millions d’euros) sur son compte personnel. Il n’en fallait pas davantage pour que ses opposants, à la tête de partis islamistes radicaux, l’accusent d’avoir détourné le fonds stratégique d’investissement 1MDB, mis en place afin d’oeuvrer pour le développement économique du pays. Des accusations que le procureur général en charge du dossier vient de mettre en pièces. L’argent, dont l’essentiel a été restitué depuis, provenait en fait d’Arabie saoudite et avait un objectif précis : épauler la Malaisie dans sa lutte contre l’islamisme.

Après enquête, et conformément aux déclarations de Najib, l’avocat général malaisien a tranché : la somme, colossale, perçue par le Premier ministre malaisien était en fait une donation de la famille Royale Saoudienne. La provenance de la somme n’est en aucun cas liée à l’argent des contribuables malaisiens, ni au fonds public d’investissement 1MDB. De plus, la majorité de la somme ($620 millions) n’ayant pas été utilisée, elle a été restituée au donateur en aout 2013. Des accusations de corruption qui s’envolent par une décision que le procureur général assure “constitutionnellement incontestable” et donc, de ce fait, permanente.

Si, à première vue, l’ampleur du virement peut sembler suspecte, à mieux y regarder, ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, que Ryad se montre si généreuse. Ce type de donation est commun et répété depuis les années 1970. L’Arabie saoudite apporte un soutient financier à ses alliés pour accroitre leur sécurité économique et maintenir une stabilité politique, propice, à plus grande échelle, à garantir la stabilité régionale. La Malaisie est l’un des bénéficiaire de ce type d’aide depuis quelques décennies, au côtés de nombreux pays tels que l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Nigeria, le Kazakhstan ou encore l’Azerbaïdjan pour ne citer qu’eux.

Un soutient financier, qui n’a cessé de s’affirmer au fil des années, dirigé vers les populations sunnites, et concentré sur une aide au développement, un support des institutions, mais aussi et surtout sur la mise en place d’une coopération renforcée dans la lutte contre l’extrémisme religieux, particulièrement musulman.

Un Premier ministre modéré pour lutter contre le terrorisme

La montée de l’islamisme dans le sud-est de l’Asie inquiète. Une inquiétude renforcée par les attaques de Jakarta le 14 janvier 2016, où sept personnes, dont cinq terroristes, ont trouvé la mort. A l’heure actuelle, plus d’une centaine de Malaisiens seraient impliqués à divers niveaux dans l’organisation Etat Islamique, dont certains ont proféré les premières menaces envers l’Etat laïc de Malaisie.

Dans ce contexte, à l’opposée du Parti islamique pan-malaisien (PAS), qui a imposé une Sharia stricte sur les territoires qu’il contrôle, le Premier ministre reste un modéré acclamé par la communauté internationale. En Novembre 2015, lors d’une visite en Malaisie, le président américain Barack Obama cite ainsi la voix modérée de la Malaisie comme “essentielle au débat international ayant pris place autour du terrorisme”, tout en maintenant que les Etats-Unis conservent une relation solide avec le gouvernement malaisien sur la lutte anti-terroriste. Une lutte essentielle dans une région qui contient 61.7% de la population Musulmane mondiale, et que l’Arabie Saoudite soutient à travers des donations telles que celle faite à M. Razak.

Un soutien grâce auquel ce dernier a activement mis en place une série de réformes dans le pays. En Octobre 2015, son gouvernement a annoncé la création d’un centre médiatique régional pour contrer la propagande extrémiste de l’EI. Une mesure suivie d’une augmentation de la peine encourue pour financement d’activité terroriste, passant à 30 ans d’emprisonnement. Par ailleurs, le gouvernement a récemment nommé 24 experts en dé-radicalisation et lutte anti-terroriste, et développé des initiatives pour éduquer les enfants sur les périls des enseignements fondamentalistes.

Soucieux d’éradiquer la menace terroriste sur son territoire, la Malaisie l’est également de la mater en son cœur palpitant : l’Irak et la Syrie. En décembre 2015, Kuala Lumpur rejoignait ainsi Riyad au sein d’une alliance réunissant 34 pays à majorité musulmane dans le but de combattre le terrorisme dans ces deux pays, mais aussi en Libye, en Égypte et en Afghanistan. La Malaisie a par ailleurs décidé de se joindre à l’Arabie saoudite pour participer, en mars 2016, à un exercice d’envergure réunissant des dizaines de milliers de militaires de nombreux pays, en préparation d’une prochaine intervention en Syrie.