À partir du mercredi 3 février, six policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) du 18ème arrondissement de Paris sont jugés devant le tribunal correctionnel de la capitale.
La justice accuse ces agents des forces de l’ordre d’avoir participé à un système de vol de stupéfiants ou d’argent sur des revendeurs de drogue, dont certains bénéficiaient d’une « protection monnayée ».
Selon le degré d’implication, les peines encourues par les six policiers vont jusqu’à dix ans d’emprisonnement.
Un rapport, rédigé par un autre fonctionnaire, faisait état d’un système d’échanges de services et d’enveloppes remplies d’argent liquide, entre certains dealers et agents de police.
Le commissaire transmettra ce rapport à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), et des micros seront dissimulés dans les véhicules utilisés par les mis en cause.
En octobre 2018, les investigations de la police des polices mettent en lumière des faits de transport de drogue, blanchiment et de corruption.
Les prévenus seront également mis en examen pour avoir rédigé des faux procès-verbaux d’interpellation.
Aymen, un Égyptien en situation irrégulière constitué partie civile pour le procès, dit avoir été piégé avec de la drogue avant d’avoir été condamné, incarcéré et expulsé de France : « j’ai perdu ma vie, ma maison, mon boulot, mon argent. J’attends la justice et la vérité ».
Cette histoire est commune à une autre partie civile, arrêtée dans une affaire similaire par les mêmes policiers, à deux jours d’intervalle.
Me Joseph Hazan, l’avocat de la partie civile en question a précisé : « ils ont reconnu que l’interpellation était organisée à l’avance. Au regard des déclarations et, surtout, de la répétition de mêmes actes par les mêmes auteurs et selon le même mode opératoire, il est plausible que ces procès-verbaux étaient frauduleux et destinés à servir autre chose ».
Pour Me Adrien Sorrentino, l’avocat d’un des six policiers poursuivis, son client ne faisait qu’exécuter les ordres : « il n’a pas préparé d’interpellation en amont et n’a pas reçu des informations de certains informateurs. Lorsque des interpellations avaient lieu, il le faisait sous la gouverne de ses supérieurs directs. Lui s’expliquera simplement sur son action précise qui répond à des ordres précis ».
Ce procès devra également mettre en lumière le rôle de la hiérarchie dans cette affaire.
Me Patrick Maisonneuve, qui défend un autre policier, a relaté : « il y a toujours le risque de franchissement de ligne. Les fonctionnaires deviennent obsédés par le résultat qu’on leur demande, ils peuvent être moins attentifs aux règles déontologiques qu’ils doivent appliquer. Ce sont des erreurs plus qu’autre chose ».
À la justice de trancher.