Munich : bastion d’un procès de néonazis hors norme

Ce lundi 6 mai débute en Allemagne l'un des plus grands procès néonazi d'après-guerre. Le tribunal de Munich s'apprête à juger Beate Zschäpe, membre du groupe « Clandestinité nationale-sociale », pour les meurtres de dix personnes et les attentats perpétrés à Cologne entre 2000 et 2007.

Le tribunal de Munich juge ce lundi la seule rescapée du groupuscule extrémiste néonazi Clandestinité nationale-sociale, (Nationalsozialistischer Untergrund, NSU, en Allemand), Beate Zschäpe. Elle et  ses deux autres partenaires, Uwe Böhnhardt et Uwe Mundlos, auraient tué entre 2000 et 2007,  un Grec, une policière et huit immigrés turcs.

Le groupe, originaire d'Iéna (en ex-RDA), est également soupçonné d'avoir fomenté deux attentats à la bombe dans certains quartiers de Cologne où résidait une grand nombre d'immigrés.

Les agissements du groupe n'ont été découverts qu'à la fin de l'année 2011 lorsque les deux Uwe incendient leur caravane et mettent fin à leur jour après une tentative de braquage de banque avortée.

Les autorités découvriront alors un DVD où les trois membres de la NSU affirment être responsables du meurtre des dix victimes. Les policiers retrouveront sur les lieux l'arme des crimes.

Face à elle-même, Beate Zschäpe se rendra à la police quelques jours plus tard et dira « Je suis celle que vous cherchez ».

Au cours de l'enquête, de nombreux manquements ont été observés, la piste de la xénophobie et du racisme n'ayant été envisagée que tardivement par les enquêteurs. L'un des avocats des parties civiles, Sebastian Scharmer, dira à ce propos qu'en plus d'espérer une condamnation des accusés, « nous espérons aussi une discussion au sein de la société sur le problème de la violence d'extrême droite et du racisme en Allemagne ».

Harald Zeil, affilié au réseau antinazi Aktionsnetzwerk, mettra en exergue le fait que  « La découverte de la NSU a confirmé nos pires craintes quant aux risques de violences. Pour ce qui est des raisons, oui, l'effondrement social était une réalité dans les années 1990, mais il y a encore beaucoup de secteurs où l'extrême droite est très forte. Il y a une culture de l'ignorance ici, une habitude de détourner le regard ».

A la fin du mois d'avril, l'Allemagne s'excusait auprès de l'ONU pour les fautes des policiers au cours de cette enquête.