L’ONU tempère les propos de Carla Del Ponte qui suspecte fortement les rebelles syriens d’utiliser des armes chimiques

A son tour, Carla del Ponte, membre de la Commission d’enquête de l’ONU sur les violations des droits de l’Homme en Syrie, suspecte fortement (pour ne pas dire accuse) les rebelles syriens d'utiliser des armes chimiques.

« Nous avons rassemblé des témoignages qui laissent apparaître que certaines armes chimiques ont été utilisées, en particulier du gaz innervant, et ce qui apparaît dans notre enquête c’est que ces gaz ont été utilisés par les opposants, les rebelles », explique-t-elle.

Il est question de gaz sarin, un agent neurotoxique qui bloque le système nerveux et entraîne la mort par asphyxie, dont l'utilisation est interdite par le droit international.

Quoi qu'il en soit, ces suspicions qui ont un goùt d'accusations semblent confirmer des éléments venus de la frontière que partagent Syrie et Turquie, où début mai des blessés provenant de Syrie semblaient montrer les symptômes d’empoisonnement au gaz sarin.

Carla Del Ponte, connue pour son franc-parler, Carla Del Ponte, n'a cependant pas donné de détails sur les circonstances dans lesquelles des rebelles syriens auraient employé du gaz innervant mais a précisé qu' « il existe des suspicions fortes et concrètes, mais pas encore de preuve incontestable, de l'emploi de gaz sarin, sur la base de la manière dont ces victimes ont été soignées », a-t-elle déclaré, au cours d'une interview à la radio suisse. Le rapport d'enquête remonte à début mai.

Del Ponte précise que les enquêtes réalisées « devront encore être approfondies, vérifiées et confirmées à travers de nouveaux témoignages » et qu’elles pourraient aussi établir si le gouvernement de Bachar al-Assad a aussi utilisé ou non ce genre d'armes chimiques.

Le régime de Bachar al-Assad et les rebelles se sont mutuellement accusés d'avoir utiliser des armes chimiques à trois reprises : en décembre dernier près de Homs puis en mars près d'Alep et de Damas.

Dès le lendemain, la commission d'enquête indépendante à laquelle appartient Carla Del Ponte a fait une déclaration en forme de désaveu.  Son président, l'expert brésilien Paulo Pinheiro, a affirmé « qu'elle n'a pas établi de manière concluante l'usage d'armes chimiques par l'une des parties en conflit. En conséquence, la commission n'est pas en position pour le moment de commenter les allégations ». Le communiqué publié le 6 mai vient donc tempérer les déclarations de la magistrate suisse.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères demande à Bachar al-Assad d'accepter la présence d'une mission de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qui pourrait apporter les « preuves irréfutables permettant de confirmer l'emploi » d'armes chimiques.

« Cette enquête ne pourra en effet être crédible que si elle porte sur toutes les allégations d'emploi, et pas uniquement sur celles portées par le régime à l'encontre de l'opposition », a quant à lui indiqué le Quai d'Orsay.

Sachez que la Syrie fait partie avec la Corée du Nord, la Somalie, l'Angola, l'Égypte, le sud du Soudan et Israël, des rares pays dans le monde qui n'ont pas ratifié la Convention de Paris (1995) interdisant la fabrication et l'utilisation d'armes chimiques.