Claude Guéant, acte 2 : l’emploi fictif de Philippe Pemezec

Serait-ce une nouvelle menace judiciaire qui se profile pour Claude Guéant ? Après l'affaire des 500,000 euros, une enquête révèle qu'il aurait obtenu un emploi fictif à Philippe Pemezec dans le cabinet de Christine Boutin.

L'ex-secrétaire général de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy n'est pas explicitement visé par l'enquête en cours du parquet de Nantes. Tout comme Christine Boutin, ex-ministre du logement, ne risque pas explicitement de le suivre dans sa chute, puisque c'est dans son cabinet que la fraude a eu lieu.

Le Parquet de Nantes a débuté une instruction pour « détournement de fonds publics, complicité et recel » le 10 mai, alors que l'affaire avait été révélée par le Canard Enchainé en 2010. L'enquête préliminaire de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) révèle que le maire UMP du Plessis-Robinson (également vice-président du conseil général et ex-député), Philippe Pemezec, aurait reçu un soutien à l'embauche par M. Guéant dans le cabinet de Christine Boutin.

Vieille relation de Nicolas Sarkozy, l'élection au poste de député des Hauts-de-Seine de Pemezec avait été invalidée par le Conseil Constitutionnel. Il est alors déclaré inéligible. Le salaire de 5 500 euros versé aux députés lui est retiré. Le 14 février 2008, il est embauché par Christine Boutin, alors ministre du logement. Sa rémunération est de 5 500 euros.

Plus qu'un simple piston, l'emploi dont aurait bénéficié Philippe Pemezec serait purement fictif. Sa tâche consistait à rendre des rapports chaque mois à propos de l'accession sociale à la propriété. Mais les travaux de M. Pemezec n'auraient été, en réalité, que de pâles plagiats de documents déjà existants.
Benoist Apparu succède à Christine Boutin.

Un an avant la fin du contrat de Philippe Pemezec, il congédie celui-ci. L'ancien ministre explique : « Il a exercé la mission qui lui était confiée : non pas un emploi de cabinet traditionnel qui consiste à faire des notes tous les jours, mais à rendre des rapports. A un moment donné, j’ai considéré que je n’avais plus besoin de ses services car il avait rédigé les rapports dont j’avais besoin, notamment lors de la réforme du prêt à taux zéro.»

Il n'effectue aucun lien entre cette fin de contrat et l'éventuelle absence de travail de M. Pemezec. Concernant Mme Boutin ainsi que son ancien directeur de cabinet, ils ont assuré que l'embauche de M. Pemezec leur avait été imposée par Claude Guéant.

Me Jean-Yves Dupeux, avocat de Claude Guéant, dément les accusations envers son client. « Mon client n'a pas fait pression sur Mme Boutin pour l'obliger à embaucher M. Pemezec.  Il l'a bien dirigé vers le ministère du logement, mais en considérant seulement que M. Pemezec avait une réelle connaissance de ce secteur. »

M. Pemezec, quant à lui, a déclaré que : « M. Guéant m'a aidé à obtenir ce poste, mais j'ai réellement travaillé au cabinet de Mme Boutin et rédigé des rapports ».