Est-il temps de changer le bac ?

Les résultats du Bac sont tombés et la polémique autour de cet examen continue de gronder. Trop cher, inutile, le diplôme bicentenaire est remis en question. Le changement du baccalauréat, c'est maintenant ?

 

En 1808 était créé le diplôme du bac. Examen oral face à un jury d'universitaires, l'écrit ne concernait qu'une seule épreuve de questions sur les humanités classiques tirées au hasard. Le diplôme servait à entrer à l'université. Aujourd'hui, nous sommes bien loin de ce modèle. Les épreuves écrites sont devenues majoritaires. Les candidats sont devenus de plus en plus nombreux. Anonyme (quand l'anonymat est respecté), il ne concerne plus en rien l'entrée à l'université. « Le bac » s'est divisé en plusieurs types de diplômes : bac général, bac pro, bac technologique, tous avec leurs spécificités.

Le bac coûte trop cher

L'examen est estimé à 1,5 milliards d'euros par le syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (Snpden) pour les sessions générales et technologiques. L'ajout de deux épreuves de langue a coûté à lui seul 6,5 millions d'euros. Sans compter les matières optionnelles à foison. Toutes les matières veulent avoir leur épreuve, comme une manière d'obtenir une certaine crédibilité. De plus en plus d'enseignants doivent être mobilisés, des semaines de cours ne sont pas assurées pour les classes inférieures. Rien que la correction des copies coûte 20 millions d'euros à l'Etat.

« Une somme astronomique pour un diplôme qui n'a plus aujourd'hui qu'une valeur symbolique » estime Philippe Tournier, membre du syndicat. De plus, beaucoup des candidats au bac sont déjà admis dans une école supérieure après le passage d'un examen propre à l'établissement choisi. La note finale n'a donc plus aucune incidence sur l'orientation post-bac.

Le diplôme de Napoléon intouchable

 

Pour le Snpden, l'heure est au changement et à l'instauration d'un contrôle continu étendu à plus de matières. Mais il est bien difficile de réformer le bac. François Fillon s'y était cassé les dents en 2005 et fut obligé de faire demi-tour ventre à terre face au soulèvement des lycéens. Pourtant, peut-on vraiment laisser cette situation durer ?

Pour Claude Lelièvre, historien de l'éducation interrogé par l'Etudiant, deux solutions sont possibles : créer un bac unique certifiant une culture commune obligatoire, ou réduire le bac à trois matières choisies par l'étudiant en fonction de son choix d'orientation. Les autres matières seraient obtenues via le contrôle continu.