Le premier président égyptien élu démocratiquement condamné à mort

                Après avoir écopé de 20 ans de prison, pour incitation au meurtre, le 21 avril dernier, l’ex président égyptien Mohamed Morsi, a finalement été condamné à la peine de mort le samedi 16 mai pour espionnage et trahison ainsi que pour des évasions de prison et des violences durant la révolte de 2011.

 

 

Une stabilité politique questionnée

 

                Dans cette affaire, qui a menée à la condamnation à mort du premier président élu démocratiquement en Egypte, une centaine de dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans ont aussi écopé de la peine capitale. Pour tous les accusés, cette condamnation doit recevoir l’avis du mufti d’Egypte avant d’être confirmée ou non.

 

Rappelons que Mohamed Morsi, élu démocratiquement en juin 2012, a été renversé en juillet 2013 par l’ex-chef de l’armée et actuel chef de l’Etat, Abdel Fattah al-Sissi. Cette condamnation à mort pose d’ailleurs la question de la stabilité politique du pays. Pour un grand nombre de défenseurs des droits de l’Homme, le régime d’Abdel Fattah al-Sissi est bien plus répressif que celui d’Hosni Moubarak, chassé par une révolte populaire en 2011. Cette révolte avait lancé un vent nouveau en Egypte et mené à l’organisation des premières élections présidentielles démocratiques.

 

Des Frères musulmans de plus en plus faibles

 

                Mohamed Morsi pensait pourtant avoir échappé  à la peine de mort le 21 avril dernier. Cette première condamnation correspond à son implication dans l’arrestation et la torture de manifestants alors qu’il était toujours au pouvoir. Quelque mois après son élection, Mohamed Morsi avait fait voter une loi lui accordant les pleins pouvoirs. C’est cette décision qui avait alors déclenché la colère des Egyptiens et qui les avaient poussés à descendre dans la rue.

 

Au-delà du caractère symbolique de cette condamnation, la décision montre aussi la volonté du régime d’Abdel Fattah al-Sissi de vouloir mettre hors d’état de nuire les Frères musulmans. La décision de la justice égyptienne est un nouveau coup dur pour l’opposition islamiste, déjà la cible d’une répression sanguinaire qui a grandement décimé ses rangs. En effet, depuis l’éviction de Mohamed Morsi, policiers et soldats ont tué plus de 1 400 manifestants islamistes  et près de 15 000 autres ont été tout simplement emprisonné.

 

Comme nous le disions précédemment, le régime d’Abdel Fattah al-Sissi est considéré  par beaucoup d’organisations internationales comme plus répressif que celui d’Hosni Moubarak. Mais le vrai problème est que le nouveau président jouit d’une popularité sans précédent.

 

 

                Mohamed Morsi fera surement appel de sa condamnation mais il ne fait que très peu de doutes qu’il n’obtiendra pas gain de cause en appel tant la volonté d’éliminer les Frères musulmans est importante au sein du gouvernement égyptien. On en vient à se demander si la révolte citoyenne de 2011 aura des effets sur le long terme car, bien qu’élu démocratiquement, ces présidents changent rapidement de discours une fois au pouvoir