Le 19 mai marque l’ouverture du procès Outreau 3 ! Près de dix ans après son acquittement en appel, Daniel Legrand, aujourd’hui âgé de 33 ans, comparait seul devant la justice. Retour sur une affaire qui a montré les failles du système judiciaire français.
Dix- sept personnes accusées
Tout d’abord, faisons un rapide rappel des faits. Le 25 février 2000, à Outreau, dans le Nord-Pas-de-Calais, quatre enfants d’une même famille sont placés sous assistance éducative. Ils confient alors à leur assistante maternelle que leurs parents, Thierry Delay et Myriam Badaoui, leur font subir des gestes relevant de la pédophilie. Les quatre frères mettent aussi en cause des voisin puis des gens extérieurs au quartier, parmi lesquels les Legrand, père et fils. Finalement dix-sept personnes seront accusées.
Après deux procès d’assises, le premier à Saint-Omer et le second en appel à Paris, le dossier se révèle être un inceste. Sur les dix-sept accusés, quatre reconnaissent leur implication et sont condamnés, Thierry Delay et Myriam Badaoui et un couple de voisins. Les treize autres, qui ne font que nier, sont finalement acquittés. Parmi eux figure Daniel Legrand.
A l’époque l’affaire avait fait couler beaucoup d’encre si bien que Jacques Chirac, alors président de la République, présente officiellement « regrets et excuses devant ce qui restera comme un désastre judiciaire sans précédent » aux treize acquittés.
Daniel Legrand, une nouvelle fois accusé
Mais une question se pose : s’il a été acquitté, pourquoi Daniel Legrand, est-il une nouvelle fois dans le box des accusés ? Né en 1981, il était encore mineur au début de la période des faits et devait donc normalement être jugé par une cour d’assises des mineurs. En général, dans ce genre de situation, l’ensemble des accusés sont renvoyés devant le tribunal pour mineurs. Mais en octobre 2003, la chambre d’instruction de Douai a choisi une autre option pour le moins hors du commu : Daniel Legrand aura deux procès, un pour les faits postérieurs à sa majorité (ou il a été acquitté avec douze autres accusés) et un pour ceux antérieurs à ses 18 ans.
Seul dans le box, Daniel Legrand va donc devoir répondre des faits supposés commis entre 1997 et mi 1999. Rappelons que certaines victimes présumées continuent de maintenir leurs accusations. Les témoins vont une nouvelle fois défiler par dizaines et deux des quatre enfants Delay, Jonathan et Cherif, désormais majeurs, se porteront partie civile. « Je serai déçu si Daniel Legrand n’était pas condamné » a d’ailleurs déclaré Jonathan Delay.
On ne peut s’empêcher de trouver étrange le retour de Daniel Legrand sur le banc des accusés dans cette affaire qui a ternie l’image de la justice française. Néanmoins, il ne fait aucun doute que les juges sauront être prudents dans ce qui devrait être l’ultime procès d’Outreau.
