Deux journalistes français accusés d’avoir fait chanter le roi du Maroc

Deux journalistes français soupçonnés d’avoir fait chanter le roi du Maroc, Mohamed VI, ont été interpellés, jeudi 27 août dernier à Paris. Retour sur cette affaire qui fait beaucoup parler de l’autre côté de la Méditerranée malgré la campagne électorale pour les élections communales qui bat son plein.

 

 

Un pot-de-vin de trois millions d’euros

 

               Éric Laurent et Catherine Graciet sont soupçonnés d’avoir tenté d’extorquer de l’argent au roi du Maroc en échange du renoncement à la publication d’un livre à charge sur le souverain. Ces deux journalistes sont déjà connus au Maroc car ils ont publié en 2012 un ouvrage très critique sur Mohamed VI.

 

Les deux français ont finalement été mis en examen dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 août dernier pour chantage et extorsion de fonds. Une source proche du dossier affirme même que Éric Laurent aurait reconnu durant sa garde à vue avoir demandé trois puis deux millions d’euros pour le renoncement de la publication de ce livre compromettant envers le trône marocain.

 

Même si cet échange financier a été reconnu, les deux journalistes laissent sous-entendre qu’ils ont été piégés par les autorités marocaines, comme le déclare Me Éric Moutet, l’avocat de Catherine Graciet. « Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet, et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place. C’est précisément l’avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages. Il y a dans cette affaire une logique de stratagème qui s’est mise en place, l’instruction devra déterminer le rôle de chacun ».

 

Des enregistrements qui ne laisse aucun doute

 

               En effet, des enregistrements semblent confirmer le chantage des deux journalistes. « Je veux trois. – Trois quoi, trois mille ? – Non, trois millions. – Trois millions de dirhams ? – Non, trois millions d’euros » voilà ce qu’aurait déclaré Éric Laurent à l’avocat du roi, qui a enregistré sur son téléphone la discussion ayant eu lieu le 11 août dernier dans un palace parisien.

 

Après cette première rencontre, le Maroc porte plainte et la deuxième rencontre se fait sous la surveillance de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) mais l’avocat continue à faire des enregistrements à l’insu des journalistes. Dans cet enregistrement il évoque la demande faite par Éric Laurent et ce dernier confirme que sa co-auteure, Catherine Graciet, est au courant.

 

Durant la troisième rencontre, les deux journalistes montrent pour la première fois de la méfiance envers l’avocat du roi, ils changent le lieu de rendez-vous et lui demande même de ranger son téléphone, alors posé sur la table. L’avocat leur aurait alors remis une enveloppe de 40 000 euros chacun et c’est à la sortie du palace que les deux suspects sont interpellés.

 

 

               L’enquête qui vient de voir le jour devra donc lever le voile sur cette affaire. D’un côté, le royaume du Maroc accusent les journalistes d’avoir fait chanter le roi et de l’autre, les deux français affirment, par l’intermédiaire de leur avocat, avoir été piégé par les autorités marocaines alors qu’ils étaient sur le point de révéler de lourds secrets.