Affaire TRCI-Saphic : les femmes de planteurs se tournent vers Dominique Nouvian

Dans le contentieux judiciaire qui hante depuis 21 ans le domaine hévéicole d'Anguédédou, près d'Abidjan, les femmes de planteurs et d'anciens employés de la société d'exploitation ont sollicité l'intervention de Dominique Nouvian, première dame de Côte d'Ivoire, pour leur rendre justice.

Les collaborateurs du cabinet de Dominique Nouvian se souviendront longtemps de ce mercredi 10 février 2016, quand près de 500 manifestantes se sont pressées devant leurs bureaux de Cocody pour implorer la première dame de leur venir en aide. Rassemblées dans un élan de désespoir, ces femmes, veuves et orphelines de planteurs et d'anciens employés du domaine hévéicole d'Anguédédou, dans la banlieue ouest de la capitale ivoirienne, réclament l'application de l'arrêt du 30 janvier 2013 de la cour suprême dans un conflit qui dure depuis 21 ans.

Suite à l'accord du 24 février 1995 sur la privatisation de cet ancien domaine appartenant à l'État sous la forme d'une société baptisée Tropical Rubber Côte d'Ivoire (TRCI), les familles de 422 planteurs d'hévéas attendent toujours le paiement des dividendes correspondant aux 48 % de parts acquises par la Société africaine pour la promotion hévéicole et l'industrialisation du caoutchouc (Saphic). La somme demandée s'élève à 30 milliards de francs CFA (45,73 millions d'euros), dont les plaignants exigent le paiement immédiat. Quant aux femmes d'anciens employés de la TRCI abusivement licenciés, elles exigent la réintégration immédiate de leur mari, la restitution de leurs prestations sociales et le paiement de quatre mois d'arriérés de salaire.

Un conflit « délicat » et lourd en préjudices

Reçues par le chef de cabinet de Dominique Nouvian, absente au moment du sit-in, les porte-parole des familles de planteurs de la Saphic et d'anciens employés de la TRCI lui ont remis une motion demandant l'implication de la première dame pour « donner un coup d'accélérateur au processus de résolution de ce conflit si délicat ». Malgré la révocation du conseil d'administration le 12 juin 2015 votée en assemblée générale, l'ancienne équipe dirigeante de la TRCI occupe toujours les bureaux de la société, d'où elle continue à piloter l'exploitation du domaine. D'après Joseph Désiré Biley, l'ancien PDG de la TRCI qui refuse de coopérer, l'origine du conflit vient de l'incapacité de la Saphic à rembourser le prêt de la GMC, actionnaire à 32 % de la TRCI, pour acquérir ses parts et payer ses premières annuités. C'est lui qui, le 4 mai 1996, aurait retiré aux planteurs la collecte du caoutchouc à livrer à l'usine. Gabriel Yacé, le nouveau patron désigné de la TRCI, demande à son prédécesseur de céder sa place et de réparer les préjudices causés aux planteurs, conformément à l'arrêt de la cour suprême.

Faute de voir cette décision de justice appliquée, les espoirs des familles de planteurs de la Saphic et d'anciens employés de la TRCI se tournent aujourd'hui vers Dominique Nouvian, l'influente épouse du président Alassane Ouattara. Présidente fondatrice de la Fondation Children of Africa, l'ancienne femme d'affaires mène de nombreuses actions socio-éducatives en faveur des personnes défavorisées dans le pays, qu'elle fait rayonner dans le monde entier. À 62 ans, Dominique Nouvian est aussi personnellement engagée dans lutte contre le travail des enfants à travers de Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l'exploitation et le travail des enfants (CNS), qu'elle préside depuis 2011. La résolution du conflit entre la TRCI et la Saphic semble donc une cause à laquelle la première dame de Côte d'Ivoire pourrait se montrer sensible.