Guerre du Vietnam : en Asie, la société civile se bat pour faire éclater la vérité sur les crimes de guerre

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Des avocats vietnamiens et sud-coréens ont récemment interpellé le gouvernement de Séoul pour qu’il reconnaisse enfin les crimes commis par son armée pendant la guerre du Vietnam. Des massacres et viols de civils, comme lcas des Lai Dai Han, à propos desquels le gouvernement de Moon Jae-in refuse obstinément de s’excuser.

L’ombre de la guerre du Vietnam plane toujours sur la péninsule du Sud-est asiatique, charriant son lot de fantômes et de crimes impunis. Plus de quarante ans après la fin du conflit, certaines plaies restent aussi béantes que méconnues — voire tout simplement niées. Peu de personnes le savent, mais entre 1964 et 1972, plus de 300 000 soldats sud-coréens ont été déployés au Vietnam en appui des forces américaines. Une partie de ce contingent s’est livrée, sur le sol vietnamien, à des exactions en série, massacrant les civils. Quelque 80 massacres auraient ainsi été commis par les militaires de Séoul, bains de sang au cours desquels plus de 9 000 personnes auraient trouvé la mort.

Massacres, Lai Dai Han : la Corée doit prendre ses responsabilités

C’est en mémoire de ces victimes civiles que se sont réunis, fin avril à Séoul, des experts juridiques vietnamiens et sud-coréens. Dans une déclaration commune de l’Association du barreau de Séoul (SBA) et de la Vietnam Lawyers Association, ces avocats ont officiellement demandé au gouvernement sud-coréen d’ouvrir — enfin — une enquête sur les massacres de civils perpétrés lors de la guerre. « Des groupes composés de membres de la société civile en Corée du Sud et au Vietnam ont alerté sur les torts causés aux civils pendant la guerre du Vietnam, ont-ils déclaré, mais le gouvernement sud-coréen n’a déployé que des efforts minimes pour enquêter sur ces incidents ou réparer les torts causés ».

« L’enquête sur les dommages causés aux civils pendant la guerre du Vietnam est à la fois la pierre angulaire de la réalisation des valeurs humaines universelles (incarnées) par les droits de l’Homme et la paix, poursuit la déclaration commune, mais également une occasion de renforcer la relation future (du Vietnam et de la Corée du Sud), fondée sur la vérité historique. Elle représente aussi une manière d’évaluer (…) la douleur ressentie par les anciens combattants de cette guerre », ont affirmé conjointement Park Jung-woo, le leader de la SBA, et Duong Thanh Bac, vice-président de la délégation vietnamienne.

« L’Association du barreau de Séoul et l’Association des avocats vietnamiens appellent le gouvernement coréen à rechercher la vérité sur les assassinats de civils commis pendant la guerre (…) et à apporter aux victimes confirmées des mesures de réparation appropriées », ont encore demandé les avocats, et ce alors que Séoul se mure dans le silence. Ils exigent notamment la déclassification et la publication des archives conservées par les services de renseignement sud-coréens, qui ont interrogé des militaires ayant participé à ces massacres.

Des violences de masse qui ont toujours un impact sur la société : entre 5 000 et 30 000 enfants issus des viols de troupes coréennes sur les populations civiles vietnamiennes vivent aujourd’hui dans le pays. Des enfants de « sang-mêlé » surnommés « Lai Dai Han », qui sont victimes, comme leurs mères, d’exclusion sociale et économique.

La « douleur » intacte des survivants face au mutisme coréen

Que ce soit sur la question des massacres ou sur celle des Lai Dai Han, Séoul s’enferme pourtant dans un mutisme coupable. Niant catégoriquement l’existence de violences sexuelles perpétrées par son armée, la Corée du Sud n’a que timidement, par la voix de son président Moon Jae-in en mars 2018, exprimé ses « regrets concernant la triste histoire entre » la Corée et le Vietnam. Des « regrets », donc, mais aucune excuse officielle, ni déclassification de documents compromettants, et encore moins d’efforts visant à réparer ces crimes…

Face au négationnisme sud-coréen, les associations de victimes et leurs soutiens ont organisé, en avril 2018, un simulacre de procès, concluant que Séoul devait reconnaître sa responsabilité. En vain, pour le moment… Reste donc l’amertume, et un puissant sentiment d’injustice. « La guerre du Vietnam a pris fin en 1975, mais notre douleur est toujours présente », témoigne ainsi l’un des survivants des massacres.

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