Le groupe Kering soupçonné de fraude fiscale massive

François-Henri Pinault, président de Kering

Déjà mis en cause en Italie pour une vaste affaire d’évasion fiscale, le groupe de luxe présidé par François-Henri Pinault fait face depuis plus d’un an à une enquête pour « blanchiment de fraude fiscale aggravée » conduite par le Parquet national financier (PNF).

L’information vient d’être publiée par Mediapart, le même journal qui, en 2018, avait mis à jour un dispositif illicite ayant permis au groupe de soustraire au fisc 2,5 milliards d’euros d’impôts. Au coeur de ce système, une filiale suisse adossée à des entrepôts, Luxury Goods International (LGI), à travers laquelle Kering facturait des activités réalisées en Italie dans le but de réduire sa note fiscale. Grâce à un accord secret conclu avec le canton du Tessin, le groupe a ainsi pu s’acquitter d’impôts sur ses bénéfices au taux exceptionnellement bas de 8%, sur une période courant de 2010 à 2017.

Deux ans plus tard, la mise en cause de ce montage suisse par le Parquet de Milan avait valu à Kering un redressement fiscal record de 1,25 milliard d’euros. La justice italienne s’était alors attachée à sanctionner l’un des volets de l’affaire, celui concernant les ventes dans la Péninsule de la marque Gucci, considérée comme une « vache à lait » pour le géant du luxe, qui lui doit les deux-tiers de ses profits.

En cause, le volet français d’un vaste dispositif

Dans son enquête initiale, Mediapart avait déjà signalé l’extension par le groupe du système conçu pour Gucci « à toutes ses marques de luxe (hors joaillerie), dont les françaises Balenciaga et Yves Saint Laurent ». C’est suite à ces révélations que le PNF a décidé de s’intéresser à son tour au montage suisse imaginé par Kering, ouvrant en février 2019 une enquête préliminaire dont le journal en ligne vient de dévoiler l’existence.

Selon les informations déjà publiées en 2018, le montant des impôts soustraits au fisc français par la seule marque Yves Saint Laurent s’élèverait à 180 millions d’euros. Le montant de cette fraude potentielle concernant Balenciaga demeure inconnu, mais il pourrait être « considérable », la marque ayant déclaré un chiffre d’affaires de 450 millions pour la seule année 2017.

Autre inconnue évoquée par le journal d’investigation : le rôle joué par François-Henri Pinault dans la mise en place de ce système, lui qui avait été personnellement impliqué dans un autre montage polémique au sujet de la rémunération du PDG de Gucci et qui, jusqu’à une date récente, était administrateur de Kering Holland, société offshore néerlandaise impliquée dans cette même affaire.

Le groupe de luxe a vivement réagi à la publication de l’article de Mediapart, contestant « avec la plus grande fermeté (des) allégations (…) totalement infondées », avant que le PNF ne confirme au Monde l’existence d’une enquête pour blanchiment de fraude fiscale.

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